Des premières voix dissonantes sont-elles en train d'apparaître dans la majorité au sujet de la réforme des retraites ? Lundi, Barbara Pompili, députée Renaissance de la Somme et surtout ancienne ministre de la Transition écologique de 2020 à mai 2022 a jeté un premier pavé dans la mare.
Elle a annoncé sur BFMTV qu'elle ne voterait pas à "ce stade" la réforme des retraites, car elles comportent plusieurs "injustices sociales", citant notamment le cas des personnes qui ont commencé à travailler à 18 ans et qui devront partir plus tard si la réforme est adoptée. Pour celle qui a fondé "En Commun", "le choix de repousser l'âge de départ à la retraite nécessite en face des mesures réparatrices très ambitieuses".
Une position partagée par les trois députés de ce groupe également membres de la majorité. "Nous sommes solidaires de ce que notre présidente a dit", annonce Cécile Rilhac au Figaro. "Nous estimons que le report de l'âge légal à la retraite est quelque chose d'inégalitaire", ajoute la députée du Val-d'Oise.
Pour autant, Barbara Pompili laisse encore une porte ouverte à la majorité dont elle assure faire toujours partie. "On n'a pas encore arrêté notre position définitive et nous refusons d'être dans la posture. Nous voulons trouver des solutions".
Les quatre députés d'En Commun ont été rejoints ce mardi par le député de l'Hérault, Patrick Vignac. Sur BFMTV, il a assuré que si cette loi "n'évolue pas, je ne voterai pas cette loi. Par contre, si je vote contre, je quitterai le groupe", a-t-il asséné.
"Ce n'est pas une voix discordante" au sein de la majorité. "C'est : comment je fais aujourd'hui pour faire en sorte que ce projet de loi de retraites ne soit pas coercitif, mais incitatif", a expliqué Patrick Vignal, déterminé à "améliorer le texte".
L'ancien député socialiste a cité l'emploi des seniors. "Comment peut-on allonger la durée de cotisation des seniors quand on sait que souvent, dans de grandes entreprises, on leur donne un ticket de sortie, ils restent deux ans demandeurs d'emploi et partent à la retraite ?", s'est-il interrogé.
"Améliorer le texte", c'est aussi la volonté d'un poids lourd de la majorité : François Bayrou, le président du Modem et principal allié d'Emmanuel Macron. S'il n'a pas affirmé publiquement qu'il voterait contre le projet de loi, il souhaite inciter le gouvernement à mener plus de concertations et faire contribuer davantage les entreprises, et pas seulement les actifs, comme il est prévu dans le projet actuel.
En plus de ces possibles défections, la majorité doit également veiller à ne pas perdre trop de députés des Républicains. Elle a en effet besoin de leur voix pour faire passer la réforme sans 49-3.
Si Éric Ciotti, le président du parti et Olivier Marleix, le président du groupe LR à l'Assemblée ont annoncé leur volonté de voter le texte, ce n'est pas le cas de 13 des 59 membres députés Les Républicains qui, comme Barbara Pompili, dénoncent "que ceux qui ont commencé le plus tôt soient pénalisés".