Le 7 novembre, la Française des Jeux entrera en bourse et l’État cédera 52% de son capital. Et tous les auditeurs ont pu entendre ces publicités pour inciter les Français à acheter des actions. C’est une bonne idée ?
Le premier problème, c’est qu’il y a dès le départ un biais. Si c’est une affaire pour les Français qui décident d’investir ça ne peut pas en être une pour l’État. Sauf à considérer, et c’est évidemment ce qui se passe, qu’au fond, les petits porteurs ne sont qu’un prétexte, on leur fait cadeau d’une action pour dix achetées, pour pouvoir dire que c’est un succès populaire.
En fait, l’essentiel, ce sont les gros investisseurs qui piaffent d’impatience à l’idée de mettre la main sur une entreprise potentiellement très lucrative. Elle est déjà lucrative, et c’est pour ça que le gouvernement espère que cette privatisation lui rapportera 1 milliard d'euros.
Oui, la Française des Jeux rapporte déjà. Et c’est le même problème que pour ADP. Pourquoi vendre une entreprise qui rapporte, alors que l’État s’endette à taux négatifs ?Économiquement c’est aberrant. Ça l’est encore plus avec la Française des jeux, puisque la loterie nationale, qui avait été créée pour aider les anciens combattants, donc pour une œuvre, était une façon de transformer un vice, le jeu, en charité.
Du coup, les investisseurs vont avoir intérêt à ce que toujours plus de gens jouent à des jeux d’argent. C’est assez malsain. Mais il y a des règles, des garde-fou. Et c’est là qu’on touche au nœud du problème. Un journaliste de Marianne, Emmanuel Levy, le premier à avoir alerté dès décembre 2017 sur ces privatisations, a montré qu’il y a un énorme biais. En fait, pour l’instant, la Française des Jeux est peu valorisée parce que la taxe que prélève l’État sur les mises grève ses bénéfices.
Ça n’avait aucune importance tant que l’entreprise appartenait à l’État : qu’il touche d’un côté ou de l’autre, taxe sur le chiffre d’affaires ou dividendes, c’était pareil. Mais les dividendes, maintenant, iront aux actionnaires. Une fois la privatisation effectuée, le lobbying déjà féroce de la part des propriétaires de casinos pour obtenir une taxe sur les bénéfices et non sur le chiffre d’affaires va s’intensifier.
Si l’État cède, la Française des Jeux vaudra beaucoup plus cher. Pour le grand bonheur de ses nouveaux propriétaires. Et le contribuable aura été floué, exactement comme pour la privatisation des autoroutes. Mais on a beau voir venir le scandale, on fonce dans le mur, et on explique aux citoyens que les privatisations, c’est formidable.
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