Primaire EELV : "Cécile Duflot a fait plus de politique que d'écologie"

Un aller simple pour Cécile Duflot. L'ancienne ministre du Logement a été éliminée, mercredi 19 octobre, au premier tour de la primaire d'Europe Écologie-Les Verts. C'est un énorme désaveu, une très grosse claque. Cela confirme qu'en matière de pouvoir (seulement), les écolos ne sont pas les champions du recyclage. Ils n'aiment pas ce qui a déjà servi. Dominique Voynet en sait quelque chose. En tout cas, le message de ce premier tour est très clair : les électeurs de cette primaire ont rejeté Cécile Duflot à la faveur de deux députés européens, qui ont certes nettement moins de notoriété, mais qui sont très en pointe sur les sujets environnementaux.

Yannick Jadot et Michèle Rivasi, qui ont battu Cécile Duflot à plate couture, sont deux anciens de chez Greenpeace. La marotte de l'un, ce sont les traités de libre-échange avec les États-Unis et le Canada ; les sujets de prédilection de l'autre, c'est le nucléaire, les perturbateurs endocriniens et le glyphosate - l'herbicide Roundup (Michèle Rivasi est même allée au Parlement européen, jusqu'à se prêter à un test urinaire pour les besoins d'une étude). Là on n'est pas chez les bobos écolos.
Cécile Duflot a certainement fait plus de politique que d'écologie. Ce qui n'est pas tellement étonnant. Elle est issue des Jeunesses ouvrières chrétiennes. Ses premiers combats, ce sont les sans-papiers, les prisons. Elle est fondamentalement de gauche avant d'être écolo. Mais ce qu'elle paye aussi (et surtout), c'est son attitude en général. Ambitieuse, politicienne, opportuniste, sans foi ni loi par moment. Et pourtant elle a été l'espoir des écolos. Elle a été au cœur de ce parti pendant six ans. Mais elle a perdu tout le monde en route.

Cécile Duflot paye aussi (et surtout) son attitude en général

Alba Ventura

Personne n'a compris qu'elle était sa ligne politique. Est-ce qu'elle en avait une d'ailleurs ? Personne n'a compris ce qu'elle voulait faire. Cécile Duflot, souvenez-vous, était toute contente d'être ministre, de jouer la bonne élève, d'être la chouchou de François Hollande. Elle a quitté le gouvernement, venimeuse. Elle n'a pas capitalisé sur sa sortie. Elle semblait fière de partir tenter l'aventure avec Jean-Luc Mélenchon. Mais elle a enterré aussitôt ce rapprochement pour incompatibilité d'ego.

Cécile Duflot est jeune, intelligente, et nul doute qu'elle saura rebondir. Mais la leçon pour elle aujourd'hui, c'est que lorsqu'on met en avant ses ambitions plus que ses convictions, et qu'à cela s'ajoute de l'amertume, on ne construit pas une bonne offre politique.