"Parrainer des idées". C'est le mot d'ordre du Mouvement pour la vie des idées et des alternatives, Movida, qui compte peser dans la primaire de la gauche qui se tiendra les 22 et 29 janvier 2017. Le nom est une référence à la période artistique et intellectuelle espagnole qui a suivi le retour à la démocratie après le franquisme. Dans ses rangs, le mouvement compte plusieurs figures montantes de la gauche, comme les secrétaires d'État Matthias Fekl (Commerce extérieur), Thierry Mandon (Enseignement supérieur) et Christophe Sirugue (Transports). À leurs côtés, trente-cinq parlementaires et une vingtaine d'autres élus et membres du Parti socialiste (PS).
Movida a publié une tribune dans les colonnes de Libération, jeudi 1er décembre, en vue d'expliquer la place que le mouvement compte tenir dans la campagne de la primaire de la gauche. "Tant de candidats pour si peu d'idées...", attaque le texte, qui lance un appel à tous les "amis de gauche à s'engager dans la féconde bataille des idées au lieu de se livrer à des guerres d'ego". Un message à l'adresse de François Hollande et Manuel Valls, qui ce jour-là n'avaient pas encore dévoilé leurs projets en vue de l'élection présidentielle ? En tant qu'élus qui vont avoir "demain à parrainer un candidat ou une candidate", les signataires de la tribune affirment vouloir "engager un combat culturel", et parrainer "les idées dont le monde a besoin".
Au sein de Movida, on soutient également être dans une "démarche collective", "fondamentalement européenne" et "préoccupée par l'environnement", pour défendre principalement deux objectifs : prendre en compte la crise démocratique actuelle en mettant davantage en avant la participation des citoyens, et "réaffirmer la puissance de l'État après trente ans de libéralisme". En marge du Parti socialiste, le mouvement en est néanmoins très proche, sans pour autant se raccrocher à l'aile droite ou gauche du parti. Proche du PS en restant aussi parfois à distance. Le secrétaire d'État en charge du Commerce extérieur Matthias Fekl, l'une des figures de proue du mouvement, avait affirmé lors de la soirée de lancement de Movida, le 4 octobre 2016, que "François Hollande n'était pas le candidat naturel" de la gauche en vue de l'élection présidentielle. Une petite phrase qui apparaît désormais comme prophétique, François Hollande ayant renoncé à briguer un second mandat.
Pour le sénateur socialiste du Puy-de-Dôme Jacques-Bernard Magner, signataire de la tribune, Movida est né d'un constat simple. "On s'aperçoit depuis des mois et des années qu'à gauche on passe notre vie, notamment les socialistes, à parer les coups, ce qui fait que l'on a plus assez de temps pour réfléchir à des idées. Il ne faut pas oublier les fondamentaux", explique le parlementaire, qui souhaite "élever le débat politique", qu'il juge assez "médiocre" en France à l'heure actuelle. Refusant de définir Movida comme un lobby, le sénateur, qui soutient à titre personnel Vincent Peillon à la primaire de la gauche - l'ancien ministre doit se déclarer le week-end des 10 et 11 janvier -, veut voir en ce mouvement un moyen "d'agiter" des idées, pour que le candidat de la gauche élu à la primaire puisse puiser dedans en vue de l'élection présidentielle de 2017.
Et même si le lancement de Movida coïncide à peu de chose près avec la période électorale qui s'ouvre à gauche, le mouvement ne souhaite a priori pas parrainer directement un candidat à la primaire et voudrait persister après l'élection présidentielle. Et, qui sait, apporter un peu de "sang neuf",