Une candidature pour rassembler mais qui ne fait que diviser. Christiane Taubira a sauté le pas. L'ancienne garde des Sceaux de François Hollande a "accepté", ce dimanche 9 janvier, "d'être candidate à la primaire populaire et d'en accepter les règles démocratiques".
Sur le papier, cette annonce aurait du redonner des couleurs à la gauche, plus fragmentée que jamais. Mais dans les faits, les propos de Christiane Taubira ne déclenchent pas le rassemblement espéré.
"J'accepte le risque de la démocratie. J'accepterai le verdict de la primaire populaire", "dernière chance d'une union possible de la gauche", a-t-elle déclaré lors d'un déplacement à Bondy en Seine-Saint-Denis. Elle en a profité pour adresser un énième message aux autres candidats à gauche : "J'invite les autres candidats de gauche et écologistes à en faire autant", c'est-à-dire accepter le "verdict", a-t-elle dit.
L'accueil est on ne peut plus glacial. Invité du Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI, Jean-Luc Mélenchon s'en lave les mains. "Ce n'est pas mon affaire. Ce n'est pas d'union dont nous avons besoin parce qu'elle empêcherait la mobilisation", a-t-il lancé. Yannick Jadot n'est guère plus enthousiaste. Sur France inter, le candidat EELV a fait preuve de fermeté. "Quand c'est non, c'est non", a-t-il répondu à l'appel de Christiane Taubira à participer à la primaire populaire.
Et Anne Hidalgo ? Celle à l'origine de l'idée d'organiser une primaire à gauche recule. La veille de la déclaration de Christiane Taubira, la candidate socialiste a reconnu que sa "proposition n'a pas pour l'instant fait l'objet d'un accord". "Évidemment si dans cette primaire, les Verts autour de Yannick Jadot ne sont pas présents, cela ne s'appelle plus une primaire". "Cela s'appelle un congrès du PS", répond-t-on dans l'entourage de Jean-Luc Mélenchon.
Autre coup dur pour l'union de la gauche : Anne Hidalgo maintient sa candidature et ne compte pas se retirer au profit de Christiane Taubira. "Les choses sont très claires, moi je suis candidate", a-t-elle indiqué sur CNews. "Si elle (Christiane Taubira, ndlr) est candidate, elle ira avec je ne sais quelle force politique et je ne sais quel programme ou projet, mais ce sera dans tous les cas une candidature de plus et pas une de moins". Tout est dit.
En quelques semaines, Christiane Taubira est passée de la sauveuse de la gauche à la candidate de trop. Selon un sondage Ipsos Sopra-Steria pour Le Parisien et Franceinfo, publié le 7 janvier, l'ancienne ministre de la Justice est créditée de 3% des voix. Elle fait ainsi perdre 1,5 points à Anne Hidalgo, 1 point à Yannick Jadot et 0,5 point à Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon, lui, obtiendrait 9% des votes, le candidat écologiste à 8%, la candidate socialiste (4,5%), le communiste Fabien Roussel (2%) et le souverainiste Arnaud Montebourg (1%).
Des chiffres qui sont venus doucher les espoirs de certains et confirmer les réticences des autres. "C’est désormais clair : l’effet waouh qu’espérait Taubira n’existe pas", résume un parlementaire socialiste auprès du Parisien.
Le désespoir s'accentue à gauche. Dans une tribune publiée dans Le Monde, plus de 450 jeunes s'adressent "aux candidats de gauche". "Levez la tête ! Vos enfants, les jeunes de ce pays, comptent sur vous". "Nous voulons vous alerter sur votre responsabilité. Nous sommes à trois mois de l’élection présidentielle et nous nous trouvons face à un mur", écrivent-t-ils. Un mur qui se transforme au fil des semaines en muraille face à laquelle chaque candidat campe sur ses positions.
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