François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont affrontés dans un long débat de trois heures trente lundi 20 mars au soir sur TF1. C'était un un bon débat et de bonne tenue. On regrettait jusqu'ici de ne pas être entré dans le fond. C'est chose faite. On a pu enfin parler de politique, parler des programmes, avec de vraies différences. La diversité des opinions s'est exprimée. Il y a eu plusieurs confrontations intéressantes. La qualité était enfin au rendez-vous. C'était un débat utile.
C'est difficile de dégager un favori, parce que chacun a réussi à se démarquer. Chacun a tenu sa position, avec plus ou moins de férocité, plus ou moins de répartie, plus ou moins d'explications. Si vous prenez Emmanuel Macron, qui était la cible avant ce débat, il a été bon dans la contre-attaque, inégal sur l'ensemble de sa prestation. On a vu qu'il tentait toujours cet équilibre entre bonnes idées de droite et bonnes idées de gauche. "Je suis d'accord avec vous, et aussi avec vous" : c'est sa marque de fabrique. Mais pour quelqu'un qui n'avait jamais participé à aucun débat, on a vu qu'il n'avait pas peur d'essayer d'installer son duel avec Marine Le Pen, puisqu'ils sont les deux favoris des sondages.
La candidate du FN est apparue habile et efficace. Surtout lorsqu'elle s'empare des sujets qui concernent directement les Français : les mutuelles, le minimum vieillesse, le handicap, les médicaments à l'unité. Sa grande fragilité reste la sortie de l'euro, et son programme économique en général.
Jean-Luc Mélenchon était celui qui était le moins corseté et le plus vivant
Alba Ventura
Quant à François Fillon, il a tenu la route malgré ses affaires. Il était sous pression. C'est pour cela qu'il est apparu en retrait. Il ne pouvait pas monter à l'attaque. Mais il a donné le change, il s'est montré solide. D'autant qu'il y a eu débat sur certaines de ses propositions, comme la majorité pénale à 16 ans ou les quotas migratoires.
En fait, comme à la primaire, il y a eu des discussions sur ses idées. C'est plutôt un bon point pour lui, même si le volet des affaires l'empêche d'être plus combatif.
Benoît Hamon s'en est peut-être un peu moins bien sorti que Jean-Luc Mélenchon. le candidat socialiste a essayé de ferrailler avec Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen, mais souvent avec des accents très agressifs. C'était tout l'inverse du candidat de la France Insoumise, très naturel, pas en colère comme il peut l'être, parfois drôle, parfois lyrique. En tout cas, on voit que Jean-Luc Mélenchon a l'habitude du stand up, parce que de tous c'était celui qui était le moins corseté, le plus vivant. Il a fait vivre ses convictions. C'est pour cela qu'il a tiré son épingle du jeu par rapport à Benoît Hamon.
On attendait avec impatience que la campagne soit enfin lancée. Un débat est intéressant quand les clivages apparaissent, quand s'expriment la droite, la gauche et le centre. On verra si ce débat a fait bouger les lignes ou pas, mais c’était réussi.
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