Alors que les heurts, qui ont déjà fait six morts, se poursuivent dans l'archipel de la Nouvelle-Calédonie, RTL s'est rendue au cœur des barricades à Nouméa, dans une rue où il y a quelques heures encore, la BAC a été déployée et a fait face à des tirs d'armes à feu.
La barricade de Tuband est totalement hermétique depuis une semaine, personne ne passe. Elle est tenue par des pères de famille du camp loyaliste. Des palettes ont été vissées au bitume, surmontées par des projecteurs pour aveugler les émeutiers la nuit. Au sol, des herses sont censées percer les pneus des voitures.
Derrière, une dizaine d'hommes et de femmes, des voisins qui se sont organisés en autonomie. Fabrice est chef d'entreprise. Il pose ses jumelles sur son nez : "J'essaie de regarder un peu les entrées et les sorties du quartier, dans le but de voir s'il y a des gens qui sont potentiellement cagoulés, qui peuvent être dangereux. Le but c'est vraiment de sécuriser le quartier, faire en sorte qu'il n'y ait aucune intrusion ou attaque", détaille-t-il.
"Il y a une zone qui a été prise par des indépendantistes radicalisés et ils se sont retranchés dans cette partie-là du quartier", désigne sa femme. "Les civils se sont barricadés pour protéger leurs maisons et leurs familles, parce qu'on s'est sentis en danger".
Derrière ce couple, des tas de galets qui servent de "projectiles" en cas d'attaque. Les loyalistes qui tiennent la barricade se relaient par roulements, le jour et la nuit. Nicolas habite un grand pavillon avec piscine, juste à côté de la barricade. Il a notamment perdu sa voiture dans les flammes. "On s'est vite organisés entre voisins pour au moins sécuriser nos biens et surtout nos familles", explique-t-il. "Moi j'ai un fils de 14 ans et une fille de 9 ans, mon petit ne comprend pas".
La barricade est totalement hermétique : aucun habitant n'a le droit de la franchir. Hier soir encore, des tirs d'armes à feu étaient entendus dans ce quartier. Ici, les deux camps se font face, barricade contre barricade, car dans cette rue, les caldoches, les descendants des colons européens du XIXe siècle, coexistent avec les kanaks, les autochtones locaux.
"Les gens d'en face, on vit avec eux depuis des années. Et puis tout d'un coup, il y a eu cette déferlante que nous n'avons pas vu venir", explique Nicolas. "C'est des gens qu'on côtoie tous les jours, qu'on voit au magasin, qu'on voit à l'école".
"Le plus dur de la reconstruction, cela ne va pas être les bâtiments, mais la confiance entre nous". Pour l'instant, ce dialogue-là les habitants ont bien du mal à l'imaginer.
Il y a ces stigmates : l'école brûlée, la supérette pillée en bas de la rue, et un nombre impressionnant de voitures brûlées entre les deux barricades. Mais l'idée de ce quartier, à sa création, il y a trente ans, était de faire coexister kanaks et caldoches. Ce vivre-ensemble semble s'être évaporé en quelques jours comme l'explique Annie, dont le mari tient le barrage.
"Nos enfants vont dans les mêmes écoles. C'est le même quartier, on se côtoie tous les jours, jusqu'à ce fameux lundi où la mèche s'est enflammée. C'est tellement dommage".
De l'autre côté de la route, les indépendantistes sont une dizaine à tenir le camp. Ils ne parleront pas au micro, mais comptent aussi rester. Ils disent avoir peur des représailles de leurs voisins dans les jours à venir.
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