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Le bureau du maire de Saulx (Haute-Saône) le 7 janvier 2020
Crédit : SEBASTIEN BOZON / AFP
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Être soutenu par un parti politique en période électorale, c'est bien. Mais dans certains cas, cela peut se transformer en une difficulté pour les candidats. Comment faire campagne, sans évoquer son parti ? C'est la question qui se pose pour plusieurs candidats en vue des élections municipales.
Pas de logo sur les affiches, peu de leaders nationaux sur le terrain... Déjà peu politisée, la campagne des municipales se joue de plus en plus sur des thématiques locales. En effet, les partis politiques ne font plus recette et les élections municipales de mars devraient voir déferler les candidatures "sans étiquette", au risque de rendre encore plus complexe la lecture des résultats.
L'opposition avait jusque-là intérêt à politiser ce scrutin intermédiaire pour attiser le mécontentement contre le pouvoir en place. Mais la limitation du cumul des mandats - qui signe la fin des députés-maires et sénateurs-maires - et l'émergence d'Emmanuel Macron ont changé la donne.
Pour envisager une carrière parlementaire, le maire se devait d'avoir l'investiture d'un parti. Dès lors que le cumul est interdit, le lien entre l'élu local et une formation nationale a moins de raison d'être. "On va voir fleurir les listes 'Majorité municipale' les moins politisées possible", anticipe Bernard Sananès, président de l'institut Elabe : "Vu la mauvaise image des partis politiques en général, il y a une prise de distance avec les étiquettes politiques et c'est encore plus le cas aux municipales".
Autre particularité du scrutin, les formations des deux candidats au second tour de la présidentielle 2017, La République En Marche et le Rassemblement national, sont très peu implantées localement et on ne retrouve pas l'affrontement classique droite-gauche sur le terrain.
Les experts distinguent toutefois les grandes villes, où l'étiquette a encore un sens, et les petites villes et zones rurales. Après l'effondrement de leurs partis aux européennes, des élus Les Républicains "Macron-compatibles" boudent l'étiquette LR et celle du PS n'a guère la cote à gauche.
La République En Marche tire d'ailleurs peu d'avantage du discrédit de ses concurrents. "Dans les grandes villes, les candidats LaREM essayent de surfer sur un électorat urbain, diplômé, qui leur est favorable. La revendication du macronisme peut un peu les aider, mais on voit dans les sondages que c'est très difficile pour eux", souligne Bernard Sananès. "Les municipales ne sont pas un vote de marques partisanes", abonde Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.
Certaines forces, comme EELV ou le Rassemblement national, "bénéficient toutefois d'un vote d'étiquettes", tempère-t-il. Forts de leurs bons résultats aux européennes, les écologistes d'EELV partent sous leurs propres couleurs dans nombre de grandes villes. Et les candidats RN misent sur l'étiquette de leur parti pour se faire connaître.
D'autres candidats qui ont obtenu l'étiquette de leur parti préfèrent ne pas trop la montrer. Explication : l'investiture leur permet surtout d'éviter d'avoir des candidatures dissidentes issues de leur propre formation. Mi-octobre, le Sénat a acté cette dépolitisation en adoptant un amendement permettant aux candidats "sans étiquette" dans les communes de moins de 3.500 habitants de se présenter sans qu'aucune "nuance politique" ne leur soit attribuée.
Différent de l'étiquetage, le "nuançage" intervient après le vote. Dans les petites communes, le préfet attribue traditionnellement aux "sans étiquette" une nuance politique : divers droite, divers gauche, centriste... Une pratique contestée par nombre d'élus qui ne se retrouvent pas dans les nuances qui leur sont accolées. Mais qui permet à terme d'avoir une visibilité sur la répartition des élus entre les grands courants politiques.
La volonté affichée par le gouvernement de porter à 9.000 habitants le seuil des communes à partir duquel les préfets attribueront une nuance politique aux élus a provoqué mi-novembre une levée de boucliers de l'opposition à l'Assemblée nationale.
Les Républicains comme la gauche soupçonnent les macronistes de vouloir brouiller les résultats des municipales. Avec au soir du scrutin le risque, selon eux, d'avoir une France rurale "subitement sans étiquette".
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