Mort de Thomas à Crépol, rassemblements, liens avec la politique... Qu'est-ce que l'ultradroite ?

"Je suis scandalisé par la manifestation à Paris". Gérald Darmanin a réagi à l'organisation d'un rassemblement de l'ultradroite à Paris, le 1er décembre 2023. Quelque 200 personnes étaient présentes, selon l'association Les Natifs, à l'origine du rassemblement. L'événement a été organisé, à la suite de la mort de Thomas, un jeune homme de seize ans tué par arme blanche à Crépol, dans la Drôme. Le drame s'est produit dans la nuit du 18 au 19 novembre, lors d'une rixe en marge d'une fête de village. 

L'ultradroite a relaté et partagé en masse l'histoire de la mort de Thomas sur les réseaux sociaux. Quelques jours plus tard, une centaine de militants d'ultradroite ont défilé cagoulés dans les rues de Romans, dans le but d'en découdre. Qu'est-ce que l'ultradroite ? Quelle est la différence avec l'extrême droite ? Existe-t-il des liens avec des partis politiques ?

"L'ultradroite, c'est d'abord une définition des services de renseignement. Cela désigne des groupuscules d'extrême droite ou de droite radicale qui sont plus à droite que le Rassemblement national et Reconquête. Ils revendiquent l'usage de la violence à des fins politiques", explique Thomas Prouteau, chef du service police-justice de RTL. 

La galaxie de l'ultradroite

L'ultradroite correspond à une galaxie et donc à un ensemble de petits groupes. "Ils ont des querelles idéologiques, mais l'ultradroite comprend 3.000 militants qui ont pu passer dans le viseur des services de renseignement et 1.300 fichés S, c'est-à-dire ceux qui sont suivis de très près par les services", ajoute Thomas Prouteau.

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Que revendiquent ces groupuscules ? "Il y a une base idéologique commune, celle de l'extrême droite, avec un parti de l'ordre, un État fort, une méfiance envers la démocratie et un rejet du multiculturalisme et du cosmopolitisme. Cela se traduit, pour les plus radicaux, par un racisme assumé, avec les néonazis. Après, on va trouver les néofascistes. Et puis, il y a la tendance des identitaires qui parlent d'un conflit de civilisations et qui considèrent que la civilisation européenne doit être préservée. C'est le thème de la remigration. Le mouvement le plus connu de ces dernières années a été Génération identitaire mais qui a fini par être dissous en 2021", ajoute le chef du service police-justice à RTL. 

Quels liens avec la politique ?

Sur le plan politique, le débat s'est orienté sur la condamnation ou non des rassemblements de l'ultradroite à la suite de la mort de Thomas à Crépol. "La position officielle, c'est la digue", explique Julien Fautrat, journaliste au service politique de RTL. "Dans l'entourage de Marine Le Pen, on s'énerve presque et on fait preuve de cynisme. On explique qu'à cause des ultra, cela leur retombe dessus. Sous-entendu, c'est un fait divers qui devait profiter au RN et qui se retournent contre eux parce qu'ils sont associés à l'ultradroite", indique-t-il. 

Parmi ces groupuscules, est-ce que certains revendiquent des liens ou soutiennent des partis politiques ? "L'homme à la tête du groupuscule Argos, le mouvement qui a succédé à Génération identitaire, se réjouit de la forte présence du Rassemblement national à l'Assemblée nationale. Et il se dit déçu du score d'Eric Zemmour à la présidentielle. Donc il n'y a aucun doute sur le fait qu'il soutient ces partis politiques et qu'il souhaite qu'ils aient le score le plus fort possible. On l'a aussi vu lors d'un meeting d'Eric Zemmour avant la présidentielle de 2022 à Villepinte. Ce sont les membres du GUD, qui faisaient le service d'ordre et qui ont tabassé des militants de la Ligue des droits de l'Homme devant des caméras. Ils ont été filmés, interpellés, poursuivis et condamnés", rappelle Thomas Prouteau.

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