Marseille : les difficultés de la police mises en lumière par la Cour des comptes

C'est un constat accablant pour la macronie. Dans son rapport consacré à la police de Marseille, publié le dimanche 20 octobre, la Cour des comptes met en cause la communication gouvernementale, trois ans après l'annonce du plan "Marseille en Grand". Le rapport des juges de la rue Cambon révèle notamment que les effectifs ont baissé de 4,5 % depuis l'élection d'Emmanuel Macron ou que la lutte contre le trafic de stupéfiants a été privilégiée au détriment d'autres missions.

Si la police marseillaise a vu son effectif diminuer d'environ 300 personnes entre 2017 et 2020, la courbe s'est inversée depuis l'arrivée de Gérald Darmanin à Beauvau. "Il a compris que les mouvements internes des policiers, qui étaient déjà en place dans d'autres régions françaises vers Marseille, étaient insuffisants pour combler les départs", explique sur RTL Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance nationale basé à Marseille. 

L'ancien ministre de l'Intérieur a alors fait le nécessaire pour que de nombreux jeunes policiers soient affectés à Marseille. "Depuis, on a eu quasiment 300 policiers supplémentaires", poursuit Rudy Manna. "Donc effectivement, ça a rattrapé tout ce qu'on a perdu entre 2017 et 2020". 

Cependant, la Cour des comptes révèle que "ces renforts [...] n'ont pas comblé les départs" et que le manque reste important : avec 4.064 agents, le chiffre des effectifs de la police marseillaise restent "inférieurs à celui de 2017". 

Fidéliser les jeunes policiers

La Ville n'est donc plus suffisamment armée pour lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants, qui est "un énorme business", précise Rudy Manna. "Même si on met 1.000 ou 2.000 policiers de plus, je ne suis pas sûr qu'on réussisse à en venir à bout", précise-t-il. 

Autre problème pointé du doigt par le syndicat, conséquence du manque d'effectif : la priorité donnée par l'État à la lutte contre ce trafic, qui "mobilise beaucoup de policiers. [...] Et quand les policiers sont mobilisés davantage sur ces missions-là, ils sont un peu moins présents sur les autres missions", explique le porte-parole.

La Cour des comptes préconise donc de fidéliser les jeunes policiers à Marseille. "Mais il n'y a pas 50 solutions", poursuit Rudy Manna. "Il faut faire comme à Paris, c'est-à-dire mettre des primes de fidélisation pour que les policiers marseillais restent plus longtemps." 

Présent depuis 23 ans dans la deuxième ville du pays, il explique avoir vu pléthore de collègues partir "parce qu'ils en avaient marre de travailler dans un contexte extrêmement difficile, avec une insécurité qui augmente d'année en année. Ils préfèrent aller dans des villes un petit peu plus calmes", explique-t-il. Et pour pallier ce problème, il n'y a qu'une seule solution, selon Rudy Manna : "Il faut de l'argent".