Marseille, "narcoville" : "Il faut travailler à des solutions urgentes", demande Hassen Hammou sur RTL

"Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille". Des magistrats tirent la sonnette d'alarme devant la commission sénatoriale d'enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogue en France qui a fait le déplacement dans la deuxième ville de France. 

Hassen Hammou, fondateur du collectif marseillais "Trop jeune pour mourir", créé en 2016 en réaction aux assassinats liés au trafic de drogue, et porte-parole d'Europe-Écologie - Les Verts en région PACA, est invité à aborder le sujet pour RTL Midi. 

"Il faut des mesures particulières pour la ville de Marseille, gangrénée par le trafic de drogue", confirme-t-il en réaction à la demande des magistrats qui réclament la mise en place d'un plan Marshall pour que la situation s'améliore. Difficile, pour les personnes extérieures à la ville, de comprendre ce que vivent certains quartiers.

Certains trafics ont pignon sur rue, contrôlent les entrées d'un certain nombre de cités

Hassen Hammou, fondateur du collectif marseillais "Trop jeune pour mourir" sur RTL

"Vous avez un mineur qui s'est rendu coupable d'une balle perdue qui a atteint la jeune Socayna, 24 ans, qui était en train d'étudier dans sa chambre", illustre Hassen Hamou qui ajoute que "certains trafics ont pignon sur rue, contrôlent les entrées d'un certain nombre de cités, arrachent la jeunesse à leur famille et les embrigadent, une vraie chaîne de fonctionnement..."

Outre des moyens supplémentaires, Hassen Hammou estime "qu'il faudrait remettre les choses à un échelon municipal, à la proximité, aux équipements municipaux, car le seul lien qui reste dans nos quartiers passe par les centres sociaux, les écoles". Il ajoute : "Nous aimerions mettre en place un comité de pilotage avec l'ensemble des collectivités, avec l'État, pour faire en sorte que les mineurs puissent bénéficier d'un accompagnement individualisé, que les familles menacées soient prises en charge pour pouvoir déménager". 

Marseille peut être une ville expérimentale en matière de retour des services publics, de prise en charge de la jeunesse et de politiques publiques cohérentes

Hassen Hammou, fondateur du collectif marseillais "Trop jeune pour mourir" sur RTL

Le porte-parole EELV, qui a activement participé à la rencontre entre les acteurs locaux et la commission de sénateurs à Marseille, estime que ces efforts sont la preuve que, pour les associations, il n'est pas trop tard pour agir. "Le cri du cœur des magistrats, du procureur de la République de Marseille, montre qu'il comprend le caractère urgent de sa ville, poursuit-il. Il faut que les autorités municipales, associatives, judiciaires et l'État travaillent à des solutions urgentes. Marseille peut être une ville expérimentale en matière de retour des services publics, de prise en charge de la jeunesse, de politiques publiques cohérentes". 

Pour Hassen Hamou, il est également important de s'attaquer à l'organisation des trafiquants, ce que souligne également le rapport de la commission d'enquête qui, selon lui, "s'attaque à tous les sujets : l'arrivée de la drogue par le port du Havre, la circulation des armes à feu dans l'espace Schengen...". Enfin, "il faut interpeller la partie financière du réseau, des patrons qui vivent à l'étranger et font fonctionner les trafics". "Je pense qu'avec la coopération internationale, on peut arrêter des gens et couper la tête de ces réseaux".