On est en train d'habiller la sortie de crise de la loi Travail. À quelques jours de la reprise des débats à l'Assemblée nationale, on lâche un peu de lest comme on dit. La ministre Myriam El Khomri appelle ça le "progressisme négocié". Le "progressisme négocié" voyez-vous, ce serait quelque chose entre le statut quo et la surenchère. Ils sont forts ces socialistes pour trouver des slogans qui ne veulent rien dire ! Le "progressisme négocié". On parlerait plutôt de "reculisme forcé". Parce que si le fameux article 2 - celui qui est censé donner la prime aux accords d'entreprises sur les accords de branche - n'est pas retiré, il va quand même y avoir des modifications ailleurs dans le texte.
C'est de nature à conforter la CFDT et à rapprocher Force Ouvrière. Pour faire bonne mesure, Manuel Valls est tombé à bras raccourcis sur le Medef qui menace de ne pas appliquer le compte pénibilité en l'accusant de se soustraire aux lois de la République. Quant à la CGT, le but est bien sûr de l'isoler encore plus. Philippe Martinez n'entend pas capituler. Mercredi 29 juin au soir, le leader de la CGT continuait à camper sur ses positions et à montrer les muscles en disant que "ça va se jouer dans la rue", tout en parlant de "petites avancées". En langage CGT, c'est considérable.
Face à ses troupes, Philippe Martinez ne peut pas faire moins. Mais vous aurez remarqué qu'à la CGT, on n'annonce plus de manifestations ou de grève. On parle d'une "journée d'action" pour le 5 juillet. Parce que défiler dans les rues le 5 juillet, il faut le vouloir. Une douzième manif', alors qu'en terme d'arithmétique le compte n'y est plus. Ils étaient 64.000 dans toute la France lors de la dernière mobilisation. Ça eut payé, mais ça ne paye plus !
Tout le monde est épuisé, tout le monde sait bien qu'il va falloir s'arrêter. Tout le monde a compris aussi que cette loi Travail n'allait pas révolutionner le marché du travail. Les syndicats savent que la fin approche, et donc ils essaient d'en arracher le plus possible.
Dans cette affaire, l'exécutif est perdant. Sans doute qu'à Matignon et à l'Élysée, on se dira qu'on aura eu les syndicats à l'usure. Arrêtons-nous sur le bilan de cette loi. Quatre mois de crise, un 49.3 (peut-être un deuxième dans quelques jours) et des dissensions au sein de la gauche et au sein du PS. On est passé à deux doigts d'une motion de censure. Onze journées de mobilisations, des grèves, des casseurs. On a même frôlé une interdiction de manif'. Des forces de l'ordre au bout du rouleau.
Politiquement, François Hollande a fait une nouvelle fois la démonstration qu'il avait du mal à trancher. Manuel Valls a perdu ses nerfs. Il fallait entendre les critiques de ses collègues du gouvernement en coulisses. Cette séquence a montré que le Premier ministre n'était plus un fusible pour le Président. Regardez d'ailleurs le dernier sondage TNS Sofres pour le Figaro Magazine : Manuel Valls enregistre le plus faible score pour un Premier ministre, à 20%. François Hollande tombe à 12%. Si Manuel Valls est devenu un boulet, il ne faut pas oublier que c'est un boulet attaché au pied de François Hollande.
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