Seulement quelques heures auront suffi à provoquer
l'incompréhension. Peu après 9 heures, mercredi 22 juin, le préfet de police
a statué, mettant fin ainsi à deux jours de négociations : la manifestation
prévue à Paris jeudi 23 juin est interdite. Dans un communiqué, le préfet Michel Cadot explique que les représentants des syndicats ont refusé "catégoriquement la tenue d'un
rassemblement statique" et ont formulé "des
propositions alternatives d'itinéraires". Face à ce constat, "il n'a pas d'autre choix que d'interdire la tenue de la manifestation".
Immédiatement, les représentants syndicaux de Force
ouvrière et CGT sont montés au créneau pour dénoncer l'interdiction. À la
mi-journée, un retournement de situation se produit : Philippe Martinez, le
secrétaire général de la CGT, annonce lors d'une conférence de presse que les syndicats pourront manifester sur "un parcours proposé par le ministère de l'Intérieur". Manuel Valls a tenté de calmer la polémique lors de la
séance des questions à l'Assemblée nationale, Bernard Cazeneuve a misé sur
l'autorité en affirmant qu'aucun débordement ni aucune violence ne seraient
tolérés. Et François Hollande ? Le président de la République n'a pas pris la
parole lors des tractations, ni lors du revirement de situation, mercredi.
Selon son entourage, François Hollande s'est réuni avec
Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, en marge du Conseil des ministres dans
l'objectif de trouver une sortie de crise, comme le rapporte l'AFP. "En
marge du Conseil des ministres, le président de la République, le Premier
ministre et le ministre de l'Intérieur se sont vus en convenant de proposer un
itinéraire extrêmement sécurisé, un parcours beaucoup plus facile à
sécuriser", explique dans l'entourage de Manuel Valls.
À l'Assemblée nationale, le Premier ministre a tenu à
insister sur le fait que cette journée "est la preuve que tout a été fait,
tout, du côté des pouvoirs publics, c'est-à-dire pour que les choses soient
précises, du président de la République, du Premier ministre et du ministre de
l'Intérieur ensemble, pour permettre cette expression démocratique". Selon Benjamin Sportouch, rédacteur en chef adjoint du service politique de RTL, cette situation donne une "mauvaise impression du peu d'autorité qu'il restait à François Hollande".
Initialement, François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve étaient sur la même ligne. "Lorsque les ténors de la majorité sont réunis avec François Hollande à l'Élysée, tous sont d'accord : 'On ne cède pas aux syndicats sur le parcours'", raconte Le Parisien. Face aux contestations, le Président, le chef du gouvernement et le ministre de l'Intérieur se sont une nouvelle fois réunis. "Manuel Valls était alors plus favorable à la ligne dure, tandis que Bernard Cazeneuve penchait plus pour le compris", selon des informations de France 3. C'est à ce moment précis que les avis ont commencé à diverger. "Hollande était d'accord avec Cazeneuve sur la manif mais ne souhaitait pas être en désaccord avec Valls", explique un ministre cité par iTélé.
Le petit jeu qui consiste à laisser penser qu'il y aurait eu une décision au sein de l'exécutif prise par le Premier ministre est une fausse question
Stéphane Le Foll
Version confirmée par le ministre de l'Intérieur, qui a indiqué avoir proposé "personnellement" d'interdire les manifestations et qu'il en avait rendu compte à François Hollande et Manuel Valls, lors de la séance des questions au gouvernement devant le Sénat. "J'ai (...) pris la responsabilité personnellement et j'en ai rendu compte au président de la République et au Premier ministre de proposer l'interdiction de ces manifestations", a indiqué le ministre, en réponse à une question du sénateur Roger Karoutchi (Les Républicains).
Selon un député socialiste légitimiste, cité par l'AFP, François Hollande était sur une position "plus nuancée : fermeté avec menace pour faire plier mais pas interdiction sèche". Mais au sein du gouvernement, on s'empresse de démentir : "Le petit jeu qui consiste à laisser penser qu'il y aurait eu une décision au sein de l'exécutif prise par le Premier ministre est une fausse question. Les décisions sont prises de manière collective", a affirmé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll après le Conseil des ministres.
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