Législatives 2024 : "la Ve République apparaît très fragilisée", selon le politologue Emmanuel Rivière
Emmanuel Rivière, politologue, enseignant à Sciences Po et directeur associé de l'agence Grand Public, tire les premières conclusions de la séquence politique que la France est en train de traverser.
On connait désormais la tendance de ces législatives : la majorité des triangulaires se sont transformées en duel. Pour faire barrage au Rassemblement national, il est désormais établi que 127 candidats de gauche et 81 macronistes se sont retirés, au lendemain de la date limite de dépôt des candidatures pour le second tour.
Ces retraits auront-ils un effet sur l'issue de ces élections législatives ? Le politologue Emmanuel Rivière, enseignant à Sciences Po et directeur associé de l'agence Grand Public assure que "les cartes sont tellement rebattues qu'à mon avis, ce n'est plus la même élection". "Mécaniquement, avec la reconduction des triangulaires là où elles étaient, c'était compliqué de l'empêcher le RN d'accéder au pouvoir. Là, il y a une plus grande difficulté pour le Rassemblement National".
Mais le parti de Marine Le Pen reste, selon le spécialiste, "le parti autour duquel il n'y a plus de désir". "Il n'y a pas loin de 40% des gens qui disent 'c'est leur tour, il faut qu'ils y aillent' et qui pensent d'ailleurs que ça va arriver. Mais il est aussi l'un des partis autour desquels il y a le plus de révulsion et de rejet. Ce qui fait que l'union de l'ensemble des autres forces a du sens pour une partie de ceux qui se disent qu'il ne faut surtout pas le rassemblement national."
Il y a un arc assez large pour dire qu'il faudrait de la proportionnelle. Cette modification-là pourrait amener à une autre culture politique.
Emmanuel Rivière, politologue, sur RTL
"La Ve République apparaît très fragilisée", estime, par ailleurs, Emmanuel Rivière. "Pourquoi est-ce qu'on est un des pays d'Europe où la satisfaction à l'égard du fonctionnement de la démocratie est un des plus faibles depuis des décennies maintenant ? Pourquoi est-ce que les niveaux de confiance du président de la République chutent de matière abyssale à peine élu ? Il y a des questions qui se posent. Et ce n'est pas tout à fait vrai de dire que les Français sont indifférents aux questions institutionnelles."
Selon lui, la question du mode de scrutin pour les élections législatives fait partie de ces questions. "Après tout, il y a un arc assez large pour dire qu'il faudrait de la proportionnelle, estime le politologue. Et c'est vrai que c'est un chemin, même sans changer finalement la Ve République. Cette modification-là pourrait amener à une autre culture politique. Et à la fois les institutions, l'usage des institutions et la culture que ça induit. Mon plaidoyer, c'est pour qu'on change la manière dont les Français se sentent représentés."
