"N'avez-vous pas honte, camarades d'Europe Écologie-Les Verts ?", commencent les anciens députés européens d'EELV élus en 2009, dans leur tribune parue dans le journal Le Monde le 7 mai dernier. José Bové, Daniel Cohn-Bendit et Jean-Paul Besset dénoncent tous les trois l'"escroquerie" de l'accord des Verts avec LFI.
Les anciens élus accusent l'accord de "trahir les valeurs fondatrices du parti EELV et de sacrifier le principe démocratique au nom de tractations électorales". C'est "une infamie sans nom", ont-ils déclaré, allant jusqu'à qualifier l'accord d'"indigne". "Savez-vous que c'est une histoire collective que vous immolez ainsi, en même temps qu'une espérance ? Qui vous a donné le droit de disposer de nos consciences, au nom d'obscures tractations électorales ?", interrogent-ils dans la tribune. "Les mots sont durs et ils font mal, y compris à ceux qui les écrivent, mais ils décrivent une réalité et cette réalité est cruelle", a commenté un des auteurs de la tribune, Jean-Paul Besset, sur franceinfo.
Dans cette tribune, les trois anciens députés européens accusent les Verts de "trahir l'Ukraine !" en signant l'accord et leur demandent : "où s'arrêtera votre dérive ?". Ils regrettent que l'Europe soit "la victime collatérale" de l'accord de la Nupes. "L'Union européenne est une aventure de paix et de coopération, à l'opposé de la mystique destructrice de Poutine dont vous vous faites, factuellement, le complice", écrivent-ils.
"Vous avez signé un 'accord' avec ceux qui cultivent à dessein l'ambiguïté à l'égard des valeurs démocratiques. Vous vous asseyez à la droite du père Ubu du Kremlin et de ses complices. Vous le faites au moment où le pire se déroule sous vos yeux, étalage cynique de sang, de morts, de massacres, de viols, de destructions, de souffrances.", écrivent-ils.
"En appelant à la 'désobéissance' vis-à-vis des traités, de la mutualisation et de la solidarité, vous engagez la guérilla contre l’Europe au nom du nationalisme", ont-ils estimé. "Avec cet accord, vous exécutez un principe fondateur de nos sociétés, la démocratie et, son extension, l'Europe", estiment-ils. "C'est la part la plus précieuse de nous-mêmes que vous piétinez. Nous ne pouvons que vous exprimer notre colère et notre dégoût", ont-ils accusé.
Conformément aux souhaits de LFI, pour l'application du programme et "dépasser certains blocages",l'accord entre EELV et LFI prévoit en effet qu'il faudra être "prêt à désobéir à certaines règles européennes", mais seulement à certaines règles économiques et budgétaires si besoin.
José Bové a estimé que la direction d'EELV "s'est fait endormir et même duper par le discours de LFI". Il a indiqué qu'il soutiendrait "totalement" Carole Delga "si une dynamique parvient à se mettre en route dans quelques mois" dans un entretien pour la Dépêche du Midi, tel que l'a rappelé TF1. La candidate PS Carole Delga s'est opposée à l'alliance de la gauche et souhaite de son côté lancer un "mouvement d'union de la gauche républicaine".
Du côté du Parti socialiste, l'accord avec LFI avait en effet également déclenché un conflit générationnel dans les rangs socialistes, entre les éléphants et la jeune garde. François Hollande avait notamment récusé cet accord "sur le fond et même sur les circonscriptions". Tout comme son ancien premier ministre Bernard Cazeneuve qui avait milité contre cette coalition et annonçait avoir "quitté le Parti socialiste".
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