ÉDITO - Le silence d’Emmanuel Macron depuis sa réélection

Emmanuel Macron n’a presque rien dit depuis sa réélection. C’est du “temps long”, comme le défend le chef de l'État ou c’est “trop long” ? Depuis le second tour de l’élection présidentielle, donc depuis 10 jours, Emmanuel Macron n’a pas posé un seul acte politique fort.

Mais tout est une question de point de vue. Vu de l’Élysée, "c’est une phase de décantation", c’est donc volontaire et maitrisé. Emmanuel Macron l’a expliqué en fin de semaine dernière : "Je veux à la fois qu’on apaise et qu’on prépare la suite". La suite, c’est le choix du Premier ministre et les élections législatives pour obtenir une large majorité.

Emmanuel Macron y passe ses soirées et jusqu’à tard dans la nuit. Les 200 premiers candidats seront connus aujourd’hui ou demain. Emmanuel Macron se prépare une majorité qu’il voudrait solide et stable sans avoir besoin des amis de son ancien Premier ministre Edouard Philippe avec qui il ne parle plus.

"La suite viendra"

Par ailleurs, la recherche d’un Premier ministre s’avère compliquée. Nous connaissons pour l’instant, deux femmes qui n’ont pas donné suite. Le dénouement de ce casting est désormais annoncé pour le début de semaine prochaine. Le silence d’Emmanuel Macron est donc logique et calculé. "La suite viendra", a-t-il promis.

Et c’est bien compris par les responsables de la majorité ? Non. Si vous prenez un tout petit peu de champ, sans aller très loin à l’Assemblée ou au parti, la plupart sont certes dans les contingences électorales, eux aussi bossent sur les législatives, mais cette période de décantation nourrit chez certains une forme d’incrédulité.

Ce qui est présenté comme une tactique fine interroge. Faut-il laisser la gauche se donner en spectacle en politicaillerie ou cela revient-il à laisser les oppositions s’installer dans le paysage tranquillement ?

C’est potentiellement beaucoup d’ennui et insuffisant pour embarquer une majorité.

Les avis divergent. Ces proches du chef de l’État s’impatientent d’un élan que le discours du soir de la victoire n’a pas créé. Ils constatent qu’il reste aujourd’hui bien plus de questions que de réponses sur la direction de ce second quinquennat.

Da la campagne de réélection, il ne reste que 2 idées : la retraite à 65 ans et un Premier ministre écologique. C’est potentiellement beaucoup d’ennui et insuffisant pour embarquer une majorité. Surtout si Emmanuel Macron n’en dit pas plus. C’est une question de jours, il faut attendre l’investiture samedi et un nouveau Premier ministre.

"Le nouveau quinquennat avance sur un champ de cendres"

Il faudra plus que ça. C’est ce que pensent les grognards de la macronie, ceux qui ont pris suffisamment de distance avec le chef de l’État pour dire les choses plus librement. Tel Sylvain Fort, ancien conseiller de la première campagne et des premiers pas à l’Élysée, il y a 5 ans.

Dans l’hebdomadaire L’Express, il prévient : "Le nouveau quinquennat avance sur un champ de cendres". "Cette campagne présidentielle n'a pas fait émerger l'armée enthousiaste de l'an II. Elle nous a placés face au gouffre".

A ses yeux, il y a plus urgent que de réformer c’est "de réparer la démocratie et de rebâtir la République". Sur ce chantier-là, comme sur tous les autres, Emmanuel Macron n’a encore rien dit... 

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