Les maires se battent désormais contre leurs assureurs. Ces derniers sont tellement gourmands que certaines communes n'ont plus le choix, elles choisissent de ne plus s'assurer. Le gouvernement semble avoir pris conscience du problème puisqu'il devrait faire des annonces dans la journée pour mieux accompagner les maires.
RTL a rencontré plusieurs de ces élus, l'un d'entre eux a vu ses tarifs d'assurance doubler en moins d'un an. Tout a commencé à l'été 2023. Une nuit, en plein cœur des émeutes qui ont suivi la mort du jeune Naël, la mairie de Villeneuve-le-Roi, à quelques kilomètres de Paris, est ravagée par les flammes.
Une bâtisse du XVIIe siècle rendue inutilisable. Comme les galères n'arrivent jamais seules, quelques semaines plus tard, c'est par la poste dans le bâtiment provisoire de la mairie que M. le maire a eu droit à une très mauvaise surprise au moment de renouveler son contrat d'assurance.
"La cotisation annuelle a doublé. Elle est passée de 30.000 euros à 60.000 euros", raconte le maire Didier Gonzales. Le motif invoqué par les assureurs : l'augmentation des risques sécuritaires et environnementaux et inutile de faire jouer la concurrence. La municipalité est donc contrainte de se serrer la ceinture, avec des conséquences très directes.
"Avec 30.000 euros, vous faites une petite rue, ou si la rue est un peu plus importante, vous faites les trottoirs. Forcément, vous différez vos dépenses, ou alors, on va se tourner vers les habitants. C'est-à-dire, en définitive, non seulement vous êtes fait brûler votre mairie, mais en plus, vous vous tournez vers les habitants pour qu'ils payent. Quelque part, c'est la double peine", déplore-t-il.
Les maires voient leurs tarifs exploser et certains n'ont pas le choix, ils ont carrément décidé de ne plus avoir d'assurance. C'est le cas de Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau, 3.000 habitants, en Essonne, voisin de quelques kilomètres. Il s'est d'abord fait radier par son assureur, sans aucune explication autre qu'une volonté de se désengager des collectivités locales. Sauf qu'au moment de chercher un nouvel assureur, là aussi les tarifs des cotisations ont explosé, mais pas seulement.
"Là où avant les franchises étaient de 1.000, 2.000, 3.000 euros par sinistre, on a des franchises à 500.000, 1 million, 1,5 million par sinistre", déclare-t-il. En dessous d'un million d'euros, son assurance ne lui rembourserait rien du tout.
"Un sinistre à Palaiseau, c'est quelques dizaines de milliers d'euros. Ce qu'on nous dit très clairement, c'est qu'on ne veut pas vous assurer", lance-t-il. Il a donc décidé de faire ce choix radical, ne plus assurer ses biens en cas de dégâts, ce qui est interdit pour les particuliers, mais autorisé pour les collectivités, quitte régulièrement à devoir mettre la main au porte-monnaie.
"On a eu des inondations en octobre dernier. C'est un gymnase, c'est un dojo qui a été un petit peu inondé. Il y a quelques dizaines de milliers d'euros de travaux, on les a payés de notre poche. Mais quelque part, j'ai gagné de l'argent en m'auto-assurant plutôt qu'en prenant une assurance et en payant cette prime délirante", explique Grégoire de Lasteyrie.
Il y a quasiment 2.000 maires aujourd'hui qui ont fait ce choix. Grégoire de Lascari n'imagine pas vivre ad vitam aeternam sans assurance, il poursuit ses recherches en quête de tarifs un peu plus décents.
François Bayrou présidera, lundi 14 avril, une réunion avec les collectivités et les assureurs pour mieux accompagner les maires. Selon nos informations, le gouvernement veut surtout que les communes et les assureurs puissent davantage discuter des tarifs proposés, alors qu'aujourd'hui, les maires dénoncent des relations déséquilibrées.
Ils veulent aussi mieux accompagner les élus pour définir exactement leurs besoins, pour ne pas là encore se voir imposer des tarifs exorbitants, parfois loin des réalités.
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