"Pas qu'une question de mentalité" : pourquoi les inégalités hommes-femmes sont plus fortes à la campagne qu'en ville ?

"Je ne veux pas être conseillère municipale, demandez à mon mari". Ce genre de réponse est trop souvent entendu en zone rurale, où 11 millions de françaises vivent aujourd'hui. Si les inégalités hommes-femmes existent partout, la situation est encore plus flagrante en dehors des villes. C'est ce qui ressort d'une grande enquête de l'association Rura publié ce dimanche 7 décembre.

À la sortie de l'école de La Gresle, village de 850 habitants dans la Loire, plusieurs femmes discutent. Aucune d'elles n'a vraiment cette impression d'inégalité accrue à la campagne. Pourtant, quand on creuse, les mêmes schémas d'inégalités économiques se dessinent. "Souvent, on achète une meilleure voiture pour le mari qui va souvent plus loin. De son côté, la femme accepte un temps partiel plus facilement pour s'adapter aux horaires de la famille", remarque Isabelle Dugelet, maire de la commune.

Pour Salomé Berlioux, directrice générale de l'association Rura et co-auteur de cette étude, le sujet des inégalités en zone rurale "n'est pas qu'une question de mentalité". Si les inégalités de genre sont présentes partout, les femmes rurales vont les subir plus fortement parce que tout sera renforcé par la question de l'éloignement.

Des kilomètres à parcourir en plus

En France, les femmes assument l'écrasante majorité des tâches domestiques. En ruralité, ces charges vont avoir des implications de temps et de logistique beaucoup plus importantes que pour les citadines, puisque les femmes rurales sont loin des services publics et privés. 

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En conséquence, elles vont sillonner en voiture les départementales et les routes de campagne pour emmener leur fils au judo, entreprendre la moindre démarche administrative, aller au travail, emmener leur enfant chez le pédiatre ou tout simplement faire les courses. 

"L'éloignement kilométrique va venir peser sur le partage des tâches domestiques, sur l'inégalité de temps libre, sur la charge mentale, sur l'insécurité économique", souligne Salomé Berlioux. 

Résultat : 47 % des femmes rurales ont moins de cinq heures par semaine pour elles-mêmes, contre 25 % des hommes ruraux, d'après l'étude de Rura. Autre chiffre édifiant : seulement 8 places de crèche pour 100 enfants sont disponibles en zone rurale, contre 26 en ville. De quoi conditionner beaucoup de choses par la suite.

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