INVITÉ RTL - Violences des jeunes : être plus sévère, "ça ne fonctionne pas, ça fait l'effet inverse", explique un sociologue

En plein durcissement des sanctions pour la jeunesse délinquante, une batterie de mesures visant les concernés mais aussi désormais leurs proches, ont été annoncées par le Premier ministre Gabriel Attal cette semaine. Le chef du gouvernement dit vouloir une justice plus dure, faisant bondir magistrats et avocats, et une école plus sévère, ce qui a fait réagir le monde enseignant. Pour analyser ce tour de vis, Sébastian Roché, sociologue, directeur de recherche au CNRS, et auteur de La nation inachevée. La jeunesse face à l'école et la police (Grasset), a accepté d'apporter son éclairage sur RTL, ce samedi 20 avril.

Selon lui, les propos de Gabriel Attal sont "assez confus" : "On a l'impression qu'il mélange la morale, le civisme, la République... Tout cela ce sont des notions assez différentes". "Peut-être que le fil rouge c'est de dire que la sanction et la punition sont la colonne vertébrale de la cohésion nationale", poursuit-il. Selon le sociologue, le Premier ministre juge ainsi qu'il n'y a "pas de besoin de s'intéresser à la nature des problèmes", mais de répondre avec "plus de restrictions" et de sanctions pénales. "Ça c'est la coercition, c'est le contraire de l'autorité", dit-il, "car l'autorité c'est entraîner, sans contraindre".

Une méthode peu efficace, voire contre-productive analyse Sébastian Roché : "Ça ne fonctionne pas, et c'est même l'effet inverse que l'on va observer", explique-t-il, pointant que "le vocabulaire du Premier ministre est celui de la droite conservatrice américaine des années 1980", et que ces méthodes ont "augmenté la récidive". "Vous mettez en danger la société, puisque votre solution aggrave le problème, et vous mettez en danger le futur de ces jeunes, et leur capacité à se réinsérer", avertit le sociologue.

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