INVITÉ RTL - "Attal faisait penser au Macron d'il y a dix ans", estime Etienne Gernelle

Trois semaines après sa nomination à Matignon et sans un gouvernement nommé au complet, Gabriel Attal a présenté devant l'Assemblée nationale les priorités de son gouvernement, le 30 janvier. Smic, impôts, crise des agriculteurs, "service civique écologique", logement, santé et éducation... Le premier ministre a détaillé un catalogue de mesures. 

Invité de RTL ce mercredi 31 janvier, Etienne Gernelle, le directeur du magazine Le Point, a trouvé que Gabriel Attal "avait de l'énergie". "Il faisait penser au Macron d'il y a dix ans. Il avait envie d'en découdre et plus que ses prédécesseurs. Il avait une petite rage", estime-t-il.

Le Premier ministre a indiqué, lors de sa prise de parole face aux députés, vouloir "désmicardiser la France". Comment faut-il comprendre ces mots ? "Sur le fond, cela annonce plutôt un discours de libéralisation. De ce point de vue là, cela ressemble au Macron d'avant (...) Dans discours sur l'assurance chômage, il dit qu'il n'y a pas de tabou, le chômage à 7%, c'est trop élevé", indique le directeur de la rédaction du magazine. Tandis que dans un entretien au Point, Emmanuel Macron, lui, se félicitait de la baisse du chômage.

Offensive sur les sujets régaliens

Selon lui, le discours de Gabriel Attal "est une vraie victoire idéologique et posthume de Gérard Collomb" qu'il compare à un "socialiste de droite". L'ancien ministre de l'Intérieur, décédé le 25 novembre 2023, avait déclaré en 2018 : "Monsieur le premier ministre (...) je suis allé dans tous ces quartiers (...) Le terme de reconquête républicaine y prend tout son sens. Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain, on puisse vivre face à face".

Gabriel Attal a insisté sur le régalien, sur le contrôle de l'avenir, sur la souveraineté, de manière très lourde

Etienne Gernelle, le directeur du magazine Le Point

Cependant, le directeur du Point souligne deux différences avec le président de la République. Dans son discours, Gabriel Attal a davantage parlé d'"autorité" et a aussi annoncé "plus de chèques". Il déplore d'ailleurs ce dernier point. 

À travers son discours, Gabriel Attal s'est adressé à la classe moyenne qui décroche du vote Macron et qui serait tentée notamment par le vote Rassemblement national. "Dans tous les pays occidentaux, il y a une montée des droites dites 'populistes' parfois ou un peu dures. Pourquoi ? Parce qu'il y a un raidissement. Il y a une peur de perte d'identité. Gabriel Attal a prononcé le mot identité à plusieurs reprises. Il a évoqué la fierté d'être Français. Il a insisté sur le régalien, sur le contrôle de l'avenir, sur la souveraineté, de manière très lourde", analyse Etienne Gernelle.

En évoquant ces thématiques régaliennes, Gabriel Attal effectue "une forme de rattrapage". "C'était un gros trou dans la pensée d'Emmanuel Macron. Il avait des idées sur l'économie, sur l'Europe, qui est sa vraie colonne vertébrale. Mais il y avait un énorme trou sur les sujets régaliens. Finalement, il n'en pensait pas grand-chose. Là, ça sentait la session de rattrapage", détaille-t-il. 

Le retour de l'argent magique ?

Etienne Gernelle note cependant, beaucoup de promesses, mais peu d'informations sur leur financement. "C'est l'énorme bémol de son discours. C'est invraisemblable. Il a fait un discours d'1h20 pendant lequel il a annoncé des chèques, avec des chiffres à chaque fois, y compris les frais vétérinaires. Il y a qu'un seul domaine dans lequel il n'a donné aucun chiffre ou quasiment aucun : c'est la dette et les finances publiques", critique-t-il 

"Il a réussi son entrée comme premier chéquier de France, ça c'est une vraie réussite, c'est déjà un triomphe", ajoute-t-il. 

Autre fait marquant du discours de Gabriel Attal : la charge contre le Rassemblement nationale. "Il a nommé le RN en tapant sur le Brexit. Donc oui, il a désigné l'adversaire", indique le directeur de la rédaction du magazine Le Point.