Immigration : la France championne des expulsions, mais parmi les moins efficaces d'Europe

Les expulsions d'étrangers délinquants étaient en forte hausse l'an dernier. Selon le ministère de l'intérieur, qui publie ses chiffres ce jeudi 4 janvier, elles ont augmenté de 30% en 2023. Au total, quasiment 4.700 personnes ont été expulsées. Un bilan dont se félicite Gérald Darmanin, qui réunissait les préfets jeudi 04 janvier. Il leur a demandé d'accélérer encore ces expulsions, grâce, notamment, à la nouvelle loi immigration.

En parallèle, la Cour des comptes rendait un rapport sur la politique de lutte contre l'immigration irrégulière. Un rapport qui place, certes, la France au sommet du podium européen du nombre d'étrangers expulsés, mais parmi les derniers du classement en termes d'efficacité. Et pour cause, la France prononce beaucoup d'Obligations de quitter le territoire (OQTF). Toutefois, seul un étranger sous OQTF sur dix quitte le territoire, tandis qu'en Allemagne, ils sont trois fois plus, et six fois plus en Suède.

Selon la Cour des comptes, les préfectures sont débordées, en manque de moyens, au point qu'elles commettent des erreurs, et ne respectent pas les délais légaux. Certaines préfectures sont d'ailleurs plus sous pression que d'autres. Dix d'entre elles ont prononcé la moitié du total des OQTF du pays, avec en tête Paris, la Seine-Saint-Denis, et le Nord. 

La Cour des comptes propose quelques solutions pour pallier ces défaillances, notamment suivre l'exemple allemand, avec une aide financière : l'aide au retour volontaire. Cette alternative à l'expulsion forcée est peu mise en avant dans l'Hexagone. En Allemagne, cinq fois plus d'étrangers choisissent, grâce à cette aide, de retrouver leur pays par leurs propres moyens, sans qu'on les expulse. Un aspect absent du projet de loi immigration voté en décembre.