François Hollande a-t-il laissé son empreinte dans l'Histoire de la Ve République ? Visiblement, non. C'est ce qui ressort de l'enquête BVA pour Sciences-Po et L'Obs à l'occasion du soixantième anniversaire de la Constitution. Alors que le général de Gaulle est la personnalité la plus marquante aux yeux des Français, l'ancien président socialiste est cité par seulement 3% des sondés.
Comme l'histoire est ironique parfois ! Trois pourcents, c'était le score dont il était crédité au tout début de sa campagne présidentielle en 2011. Vous vous souvenez ? Il était surnommé "Monsieur 3%".
Oui, 3% ce n'est pas terrible. C'est d'autant plus un mauvais score que, dans la longue liste des personnalités politiques - De Gaulle, Mitterrand, Chirac, Pompidou, Giscard, Sarkozy, Rocard, Chaban, Jospin, Juppé -, François Hollande ne figure même pas parmi les présidents de la République. Il est noyé parmi les premiers ministres, coincé entre Mauroy et Cresson. C'est peu dire qu'il n'a pas laissé une trace forte et indélébile aux yeux des Français !
Alors 3%, ça ne l'a pas empêché d'être élu président en 2012. C'est vrai, et sans doute ce sondage sur les personnalités politiques marquantes dans lequel François Hollande ne brille pas, lui ne le voit pas comme une sanction, mais comme un espoir. L'espoir de voir l'Histoire se répéter.
Parce que ce n'est pas ce sondage qui intéresse François Hollande. Non, celui qu'il préfère regarder c'est celui que nous publions vendredi 28 septembre (sondage BVA pour Orange et La Tribune), qui le place deuxième auprès des sympathisants socialistes, derrière Christiane Taubira.
Ça, c'est un sondage réconfortant pour lui. Ses troupes lui sont fidèles, malgré le cinglant désaveu des Français. "Miroir mon beau miroir, dis-moi que je suis le meilleur".
Il se trouve trop en forme pour être rangé au rayon des retraités de la politique
Alba Ventura
Cela veut-il dire qu'il n'a renoncé à rien ? Renoncer, vous plaisantez ! Il se trouve trop jeune, trop en forme pour être rangé au rayon des retraités de la politique. Et il n'y a qu'à voir toutes ses interventions, chaque semaine ou presque. Il ne perd aucune occasion de mettre son grain de sel dans la vie politique et d'écorcher Emmanuel Macron.
Jeudi, c'était dans Régions Magazine. Dimanche dernier, c'était à la Fête de la Rose en Corrèze. Ce vendredi, il sera à Chartres pour sa soixante-dixième dédicace. Et la semaine prochaine, en guest-star sur la chaîne Public-Sénat. Vous le voyez, François Hollande laboure, scrupuleusement.
Pourquoi prendre le risque de repartir ? Alors ça, c'est une maladie très française. Valéry Giscard d'Estaing a passé des années à essayer de revenir. Nicolas Sarkozy est allé jusqu'à la primaire pour retenter sa chance. François Hollande pense, lui aussi, que c'est jouable à nouveau.
Surtout qu'il ne sait pas faire autre chose que de la politique. Il n'a pas de métier, François Hollande ! La première chose qu'il fait en sortant de l'ENA, c'est candidat aux législatives face à Jacques Chirac en Corrèze en 1981. Il perd. Et puis il devient directeur de cabinet de Max Gallo, porte-parole de François Mitterrand. Et ainsi de suite. Jusqu'à Solférino, puis jusqu'à l'Élysée.
Et à l'Élysée, il considère qu'on lui a enlevé l'échelle, que les Cambadélis, Valls et Macron l'ont empêché. Il pense que, comme il n'a pas été battu, il n'a pas joué le match. Par ailleurs, il croit intimement que sa politique n'a pas eu le temps de porter ses fruits, et que tôt ou tard (plutôt tôt) l'Histoire va finir par lui rendre justice. Sauf que l'Histoire (souvent) ne repasse pas les plats.