"Égalité légitime, diversité nécessaire, gestion probablement différente." Ce triptyque, résume selon Christine Lagarde, les raisons pour lesquelles il est nécessaire d'encourager la mixité dans la finance. Interrogée sur RTL sur le manque de femmes dans les instances dirigeantes, la nouvelle présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a pris pour exemple son expérience, notamment à la tête du Fonds monétaire international (FMI).
"Le leadership féminin est plus participatif, insiste-t-elle. Cela fait 40 ans que je travaille avec des équipes mixtes, avec beaucoup plus d'hommes que de femmes, et je trouve que la participation des femmes améliore le caractère inclusif et l'écoute dans les équipes."
À ce sujet, les études scientifiques sont unanimes. L'une d'elle publiée en juin 2011 et basée sur un répertoire de recherches scientifiques passées, a conclu que "le travail d'équipe est amélioré par la présence de femmes". Selon le cabinet américain McKinsey, les entreprises dont l'équipe dirigeante est mixte, ont d'ailleurs 15% de plus de chances de réussir - un chiffre qui monte à 35% pour la diversité raciale et ethnique.
Si on avait eu Lehman Sisters et pas seulement Lehman Brothers on se serait sans doute porté un peu mieux
Christine Lagarde, présidente de la BCE
D'expérience, Christine Lagarde confirme : la mixité "amène forcément à se poser des questions et à confronter les points de vue, parce qu'on ne regarde pas les choses de la même façon. Je l'ai vécu pendant des années et des années dans toutes les équipes que j'ai dirigées."
Autre point soulevé par Christine Lagarde : la mixité dans la finance permettrait de freiner les crises. Comme lors de la crise des subprimes en 2008. "Si on avait eu Lehman Sisters et pas seulement Lehman Brothers on se serait sans doute porté un peu mieux", avance-t-elle.
Selon l'ancienne présidente du FMI, les femmes prennent moins de risque lorsqu'il s'agit d'investir sur les marchés financiers. "Il y a une corrélation entre la présence de femmes dans les équipes et le modèle de risque, explique-t-elle. Il y a plus de prudence, moins de grandes aventures en matière financière."
Il est vrai que d'anciennes études ont montré l'existence de biais de genre lorsqu'il s'agit de prendre des risques dans le domaine de la finance. Cependant, dès 1999, une étude publiée dans The American Economic Review, montrait que ce postulat était bancal. Selon les auteurs de l'article, la prise de risque en finance est éminemment liée au contexte et aux opportunités et ne peut se résumer à la personnalité d'un individu. Ils concluent ainsi : "Les idées préconçues concernant la prise de risque des femmes dirigeantes ou investisseuses paraissent davantage être des préjugés que des faits".
Une étude publiée en octobre 2010, confirme que la prise de risque est "neutre" lorsqu'il s'agit du genre. Selon les auteures de cet article scientifique, l'impression qu'il existe une différence entre les hommes et les femmes, se base davantage sur l'invisibilisation des initiatives prises par les femmes que sur une véritable propension à être prudentes. En effet, placée davantage à des postes subordonnés où l'on attend d'elles de la discrétion, elles ont tendance à moins revendiquer certaines actions, et donc d'éventuelles prises de risques.
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