"Une boule puante" à quelques jours des élections européennes ? C'est l'avis de Jean-Luc Mélenchon, après le ralliement d'Andréa Kotarac, un élu régional la France insoumise en Rhône-Alpes, au Rassemblement national.
Cet ancien membre de l'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle a justifié son choix en indiquant vouloir "faire barrage" à Emmanuel Macron. Andréa Kotarac a d'ailleurs participé à une réunion publique de Marine Le Pen à Fessenheim.
Ce ralliement, qui est un rebondissement à une semaine des élections européennes du 26 mai, a entraîné une bataille judiciaire entre la France insoumise et le Rassemblement national. En effet, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a assigné le parti de Marine Le Pen en référé pour demander la suppression d'un visuel où figure l'ancien militant de LFI qui soutient désormais le RN aux élections européennes.
L'électorat de la France insoumise est-il attiré par le Rassemblement national ? Cette question peut paraître étonnante étant donné que les deux partis se situent à des extrémités différentes sur l'échiquier politique français. Marine Le Pen, elle, voit dans le ralliement d'Andréa Kotarac, "une cohérence" dans ce soutien "puisque la France insoumise ne cesse de dire qu'il faut battre Macron", assurant sur France 2 qu'il y aurait "d'autres" ralliements similaires.
Selon Alain Duhamel, éditorialiste chez RTL, "du point de vue des Insoumis et de Jean-Luc Mélenchon, cela accrédite l'idée selon laquelle il y a des ressemblances entre l'extrême-gauche et l'extrême-droite, entre le Rassemblement national et les Insoumis. Du point de vue de Marine Le Pen, cela accrédite sa stratégie de vouloir attirer à elle des gens venus d'ailleurs".
Y-a-t-il une réserve électorale favorable à Marine Le Pen, chez la France insoumise ? Comme l'explique Alain Duhamel à l'antenne de RTL, "la réalité, c'est que les Insoumis et le RN sont en rivalité auprès d'un électorat qui se ressemble beaucoup : populaire, jeune ou d'âge moyen, assez modeste. Par ailleurs, au-delà de cet électorat, ils ont des structures qui se ressemblent : ils ont le même commandement autoritaire, ce sont des chefs de file qui sont des leaders charismatiques, avec le même caractère agressif et irascible".
Mais Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen restent néanmoins aux antipodes l'un de l'autre. "Ce sont tous les deux des extrémistes, mais l'un est d'extrême-gauche et l'autre d'extrême-droite. Par exemple, en matière économique et sociale, ils proposent des programmes franchement opposés et conflictuels. Donc leur idéologie les oppose, leur personnalité est conflictuelle mais leurs partis ont des points communs", note l'éditorialiste.
Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro, 58% des sympathisants de la France insoumise "pensent désormais que le parti de Marine Le Pen doit être considéré comme les autres". Un résultat en hausse "par rapport il y a quatre ans, au lendemain des élections régionales de 2015", souligne le journal.
Cette théorie avait déjà émergé lors de l'élection présidentielle de 2017. Dans son projet présidentiel, Jean-Luc Mélenchon n'excluait pas une sortie de la France de l'Union européenne. Il évoquait ainsi un plan A et un plan B. "Le plan A, c’est la sortie concertée des traités européens par l’abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d’autres règles, indique le texte", pouvait-on lire dans L'Avenir en commun.
"Le plan B, c’est la sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d’autres coopérations", expliquait Jean-Luc Mélenchon. Une position faisant écho, sur certains points, à celle de Marine Le Pen qui envisageait en début de campagne une sortie pure et simple de la France de la zone euro, puis lors de l'entre-deux-tours, une négociation des traités européens.
Ce rapprochement avec la France insoumise est une stratégie assumée de la part du Rassemblement national. Lors de la campagne de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle de 2017, Marine Le Pen avait jeté son dévolu sur les électeurs de la France insoumise.
Le Front national (devenu depuis Rassemblement national ndlr) avait publié un tract pour vanter les 16 points communs entre le programme de la France insoumise et son parti. Charte graphique, codes visuels, mots-clés... Tout était calculé pour atteindre les électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen ne s'était pas arrêtée là . Elle avait aussi posté une vidéo sur les réseaux sociaux où elle s'adressait directement "aux sept millions d'élection qui ont voté pour la France insoumise". "Je considère comme beaucoup que Jean-Luc Mélenchon a mené une campagne de premier tour qui était une campagne respectable", lancé la candidate.