Emmanuel Macron, président de la réforme permanente
ÉDITO - Le président de la République a promis de mener la réforme des retraites à son terme, de peur d'être taxé d'immobilisme politique.

La rentrée promet d'être animée sur le front politique, alors que le mouvement contre la réforme des retraites est désormais entré dans son deuxième mois. Le président de la République a promis la semaine dernière d'aller jusqu'au bout de sa réforme. Lors des ses vœux de fin d'année, Emmanuel Macron a fait une promesse aux Français : ne jamais s'arrêter de réformer.
Cet engagement constitue tout à la fois une promesse, un vœu et un slogan. C'est en effet une promesse forte, car le locataire de l'Élysée redoute par-dessus tout de subir un procès en immobilisme à un moment ou un autre de son quinquennat. Il le redoute parce qu'il a vu ce que cela pouvait donner lorsqu'il était ministre de l'Économie. En effet, le pouvoir se délite avant de s'effondrer, comme l'a montré le quinquennat de François Hollande.
Un tel procès profiterait également à la droite. Le chef de l'État a paralysé cette famille politique en réalisant les réformes qu'elle n'a pas osé faire. S'il s'arrête, il lui redonne donc de l'oxygène. Emmanuel Macron, qui a surgi de presque nulle part, sait que cela peut encore se produire et cette fois-ci contre lui. Autant de raisons pour ne pas laisser d'espace politique à la droite.
Transformer le pays
Cette volonté de réforme permanente qui anime le chef de l'État lui sert également de béquille. Il s'appuie sur cette qualité que citent spontanément ceux qui l'apprécient ou le détestent. Emmanuel Macron est déterminé et veut faire changer les choses. En un mot, il transforme le pays. Ça plait ou ça déplaît. Or Emmanuel Macron compte sur ceux à qui ça plait pour avancer.
Le chemin de la réforme est également l'étroit passage qu'il peut emprunter quand d'autres ont attendu des trous de souris pour se représenter. Emmanuel Macron joue son avantage plutôt que de corriger ses faiblesses. Cela permet de souder son électorat, une base sur laquelle il pourra s'appuyer 2022.
La réforme permanente constitue également un slogan. D'abord parce que les réformes ne sont pas toujours aussi impressionnantes qu'annoncées. L'audace réformatrice de la refondation du système des retraites ne se mesurera vraiment qu'à la fin avec la multiplication des régimes spécifiques pour remplacer les régimes spéciaux et l'absence totale, encore aujourd'hui, de toute simulation budgétaire. Il est impossible de mesurer la réelle portée de la réforme et ses effets sur les finances du pays.
D'autres réformes en chantier
Il en va de même en matière d'écologie. Emmanuel Macron revendique la fin des forages pétroliers, la fermeture des centrales à charbon ou la fin du plastique jetable en 2040. Mais tout cela n'est pas encore passé auprès des Français pour de l'audace. Il faudra attendre de voir ce qu'il fait de la fin de la convention citoyenne sur le climat en avril pour mesurer le courage écologique du chef de l'État.
D'autres chantiers doivent être mis en branle d'ici la fin du quinquennat, comme la fameuse réforme de la dépendance et l'accompagnement dans le grand âge. C'est un gros sujet qui concerne toutes les familles et qui a été repoussé à plusieurs reprises. Il y a aussi la lutte contre le communautarisme, l'autre arlésienne du quinquennat. Emmanuel Macron a promis récemment d'en parler dans les semaines à venir.
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