1. Accueil
  2. Actu
  3. Politique
  4. Elisabeth Borne pourra-t-elle vraiment se passer du 49.3 ?
4 min de lecture

Elisabeth Borne pourra-t-elle vraiment se passer du 49.3 ?

DÉCRYPTAGE - Elisabeth Borne a indiqué qu'elle ne ferait plus recours à l'article 49.3, hors texte budgétaire. La cheffe du gouvernement lance officiellement le bal des négociations pour élargir la majorité. Une mission confiée par Emmanuel Macron.

Elisabeth Borne, le 25 mars 2023
Elisabeth Borne, le 25 mars 2023
Crédit : ALAIN JOCARD / AFP
GOUVERNEMENT - Élisabeth Borne s'accroche à son poste
00:04:41
La main tendue de Borne va-t-elle changer quelque chose ?
00:01:24
Marie-Pierre Haddad

Tant qu'Elisabeth Borne sera première ministre, il n'y aura plus d'utilisation du 49.3, hors projet de loi budgétaire. La promesse engageante est signée de la cheffe du gouvernement. Dans un entretien à l'AFP, la première ministre a changé de ton. Il y a quelques semaines, la cheffe du gouvernement insistait sur le fait que la réforme des retraites et le recul de l'âge de départ à 64 ans étaient non négociables. 

La promesse ne concerne pas le texte sur les retraites qui est suspendu à la décision du Conseil constitutionnel. La première ministre préfère désormais se concentrer sur l'avenir, même si les manifestations perdurent

Pour ce qui est donc de l'avenir, Elisabeth Borne souhaite procéder différemment. Et, comme demandé par Emmanuel Macron, la locataire de Matignon cherche une nouvelle méthode. En plus d'élargir la majorité, la cheffe du gouvernement doit s'atteler à trouver la bonne voie pour mettre en place. Peut-elle se passer de l'article 49.3 ?

Les Républicains ne feront "pas de cadeau"

Les députés Les Républicains, encore empêtrés dans des divisions internes, ont déjà le regard tourné vers le projet de loi immigration. En embuscade, un député LR confie être prêt au combat : "Je ne vais pas leur faire de cadeau. C'est un texte régalien qui parle à l'électorat de droite, donc il faut qu'on cogne fort", a-t-il ajouté. Un autre élu Les Républicains y voit, avec ce projet de loi, l'occasion de "rappeler que LR est dans l'opposition" et ainsi faire oublier la séquence sur la réforme des retraite. "Pas question de voter ce texte", annonce-t-il d'emblée.   

Conscient de la difficulté à venir, l'exécutif prépare déjà ses cartouches : un projet de loi resserré, composé des mesures les plus "consensuelles", comme l'indique l'AFP.  Le projet de loi en tant que tel serait réduit aux mesures sur l'asile, a indiqué l'entourage de Gérald Darmanin à l'AFP. C'est alors que la technique du saucissonnage intervient. 

Première victime ? Le président LR du Sénat Gérard Larcher. Ce dernier s'était montré favorable à un report du texte, qui devait arriver au Palais du Luxembourg fin mars, mais pas un découpage du texte. "Le passage en slalom est sans doute un exercice intéressant pour les skieurs, mais je pense qu'en politique il faut de la cohérence, du courage", a-t-il affirmé sur LCI.

Tenter d'approcher le PS avec la loi Travail

Un coup à droite, un coup à gauche. La technique du "en même temps" pourrait ainsi poussé à son paroxysme par l'exécutif, en fonction de chaque mesure qui compose un même projet de loi. 

En ce qui concerne le travail, Emmanuel Macron a déposé les premières graines d'une alliance avec la gauche et plus précisément avec les socialistes. "J'ai indiqué notre disponibilité à avancer sur des sujets comme l'usure professionnelle, les fins de carrière, les reconversions, l'évolution des carrières, les conditions de travail, les rémunérations dans certaines branches", a déclaré le chef de l'Etat. 

Ce message s'adressait officiellement aux organisations syndicales. Mais en filigrane, il vise aussi les élus situés à gauche de l'échiquier politique. Emprunt d'un brin de cynisme, un stratège macroniste y voit ainsi l'occasion pour le Parti socialiste de s'affranchir de l'influence de la France insoumise au sein de la Nupes. Des mesures concernant le "partage de la valeur", la lutte contre la "précarité" et la réduction du "chômage" devraient figurer dans ce projet de loi.

La France insoumise dans le viseur

Qu'en est-il du Rassemblement national et de la France insoumise ? Emmanuel Macron a répondu à cette question, lors d'un échange avec les responsables de la majorité, le 27 mars. Il faut "essayer d'élargir la majorité en menant des consultations aux bords de la majorité actuelle", a demandé le chef de l'Etat. Le président de la République souhaite aussi que sa majorité "utilise les trois prochaines semaines pour discuter avec les élus, les maires, les partenaires sociaux pour apaiser, continuer à mettre en œuvre les réformes et réparer les services publics". 

Sans évoquer le RN, Emmanuel Macron a concentré ses coups contre la France insoumise sur le sujet de la réforme des retraites. "Il y a un réel projet politique mené par la France insoumise qui tente de délégitimer l'ordre raisonnable, nos institutions, ses outils", a expliqué Emmanuel Macron, comme l'a indiqué un participant.

Selon un proche d'Emmanuel Macron, il existe un "paradoxe très fort sur la réforme des retraites : nos adversaires nationaux ne sont pas nos adversaires locaux". Les premiers désignent la Nupes et en particulier la France insoumise. Les seconds sont le Rassemblement national. 

La rédaction vous recommande

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info

Commentaires