ÉDITO - "Narendra Modi un collaborateur de poids avec la France, pas un modèle de droits de l’homme", dit Gernelle

On entend beaucoup Emmanuel Macron s'exprimer à propos du sommet de l’Intelligence artificielle à Paris, mais on oublie qu'il est coorganisé par l’Inde et son premier ministre Narendra Modi. Mais qui est vraiment ce dirigeant puissant et mystérieux sur les tapis rouges parisiens ? 

Il y a quelques jours, en amont des discussions budgétaires, en Inde, Narendra Modi, le premier ministre du pays, a prié Lakshmi, déesse hindoue de la prospérité, de bénir les pauvres et les classes moyennes.

Cet homme est le dirigeant du pays le plus peuplé du monde et de la cinquième puissance économique du monde, qui a dépassé la France, le Royaume-Uni (son ancienne puissance coloniale) et qui croise désormais l’Allemagne et le Japon dans son viseur. L'Inde est aussi un allié pour la France, car les deux pays ont quelques atomes crochus.

Une nation cherchant à "cultiver l'Europe"

Les deux nations partagent une volonté de se faire une place entre l’Amérique et la Chine. Le pays, qui fut longtemps un leader des "non-alignés", est souvent placé dans ce que certains appellent le "sud global", mais sa rivalité avec la Chine, voire sa peur de cette puissance, en ont fait un acteur ambivalent.

Une position parfois résumée dans cette maxime : "Collaborer avec les États-Unis, gérer la Chine, cultiver l'Europe et rassurer la Russie". Voilà le "en même temps" de Narendra Modi et de quoi le rapprocher d’Emmanuel Macron 

Dans ce milieu de l’Europe, qu’il faut donc "cultiver", il y a la France, avec laquelle le premier ministre entretient de très bonnes relations. Narendra Modi est venu sept fois en France, dont cinq sous les mandats d'Emmanuel Macron. Surtout, ce grand client des armes russes, achète désormais aussi à la France, notamment des avions Rafale et des sous-marins Scorpène.

Un premier ministre nationaliste pas très friand des droits de l'homme

L’Inde est pour la France un marché colossal, mais aussi un point d’appui dans le jeu stratégique mondial. Pourtant, si Narendra Modi est un collaborateur de poids avec la France, ce n’est pas non plus un modèle de droits de l’homme. Le leader politique inquiète beaucoup, avec son nationalisme hindou agressif, marginalisant spécifiquement les musulmans, qui sont plus de 200 millions, sans compter ses dérives autoritaires.

L’Inde, avec 970 millions d’électeurs, est une "démocratie défaillante", selon The Economist. Enfin, dans le monde impitoyable qui est le nôtre, y compris celui de l’IA, tous les coups de main sont bons à prendre. La déesse Lakshmi en a d’ailleurs quatre !

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