En ce jour de commémoration de l’armistice de 1918, rarement France et Allemagne auront semblé si similaires, entravées par les mêmes difficultés. Surtout depuis la semaine dernière où la crise politique a éclaté en Allemagne : explosion de la coalition, élections anticipées, l’équivalent de la dissolution hasardeuse de Macron. De part et d’autre du Rhin, un président et chancelier désorientés face aux bouleversements du monde, incapables de s’entendre et affrontant des difficultés économiques, avec une grave crise de compétitivité.
Parce que l’Allemagne aussi connaît un très sérieux problème de compétitivité. En fait, il est semblable des deux côtés de la frontière, mais il a été en partie masqué chez nous par le recours massif à la dépense publique, d’où la facture qu’on trouve aujourd’hui d’ailleurs. En Allemagne, selon les estimations de Bloomberg, il y a eu une hémorragie de capital industriel de 650 milliards d’euros depuis 2010. Hémorragie qui s’accélère depuis que Scholz est à la tête du pays : 40% de ces capitaux fuyards sont partis depuis 2021.
Cela veut dire que les entreprises industrielles allemandes quittent l’Allemagne de façon massive. Citons Volkswagen qui va fermer des sites en Allemagne, Shaeffler, un équipementier, qui annonçait mardi supprimer 4.700 emplois, BASF, le géant de la chimie, qui déménage ses usines en Chine et aux États-Unis, Miele, le fabricant d’électroménager, qui s’en va en Pologne.
Et les étrangers c’est pareil. Le géant de l’électronique Intel vient d’annoncer qu’il suspendait sine die son projet de giga-factory dans la région de Dresde. Idem pour une autre giga-factory en projet, dans la Sarre, elle aussi interrompue par l’Américain Wolfspeed. Ford ferme également une usine en 2025, pour l’installer en Espagne. Ça craque de tous les côtés.
Alors, comme expliquer un tel exode de la part des entreprises ? Explication N°1, l’énergie. Cette puissante vague de désindustrialisation, c’est le coût de la guerre en Ukraine, qui a fait flamber celui de l’énergie en Allemagne, trois fois plus cher qu’aux États-Unis. N°2 : la bureaucratie et des réglementations, dont le volume a progressé de 50% depuis 2010.
Et une troisième cause se profile, au moins aussi puissante que les deux précédentes : l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche.
En quoi le nouveau président des États-Unis peut-il amoindrir la compétitivité allemande ou européenne ? Parce que la future administration de Washington va mettre des taxes sur les produits exportés par les Européens aux États-Unis, les voitures allemandes notamment, sur lesquelles Trump fait une fixette.
Cela va être une incitation de plus, pour les firmes allemandes, à renoncer à produire à partir de leur base nationale, pour investir aux États-Unis et produire à partir de là-bas, afin d’éviter les taxes. Face à cette vague mondiale de protectionnisme qui se profile, impulsée par le nouveau président américain, il faudrait un leadership européen solide. C’est-à-dire un couple franco-allemand avec une assise politique ferme et des positions communes. Autant dire qu’on en est loin. Et à cause de Berlin, et à cause de Paris.
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