ÉDITO - "Medef et CGT, même combat", tacle Étienne Gernelle

Le Medef est un syndicat patronal, mais cela reste un syndicat, soumis aux mêmes tentations : le corporatisme, l’immobilisme, le goût de la subvention. Vous croyez que le Medef est libéral ? Quelle blague. Illustration en ce moment avec la réforme de l’assurance chômage. On entend le président du Medef, Patrick Martin, s’interroger avec une fausse innocence sur son "degré d’urgence", quelle hypocrisie... Le Medef se plaint du niveau des prélèvements obligatoires, et il a raison. Nous sommes, avec le Danemark, les champions d’Europe de la ponction. Mais pour baisser les prélèvements, il faut d’abord baisser les dépenses. 

Or l’assurance chômage est l’un des domaines où notre supplément de dépenses publiques par rapport à la moyenne européenne est le plus élevé. Sauf que cette dépense-là arrange un peu le Medef : au fond, le fait que certaines personnes soient prises en charge par la collectivité entre deux périodes de travail, c’est assez commode. Le Medef fait d’ailleurs preuve de la même hypocrisie sur les retraites. Il n’a pas été très courageux, se contentant assez bien d’une réformette.

Un âge légal de départ comparable à celui de nos voisins européens – de 65 à 67 ans - l’aurait placé devant ses responsabilités sur l’emploi des seniors. Faire prendre en charge ces seniors par la collectivité, c’est plus confortable. D’une manière générale, les dépenses sociales, c’est 34% du PIB, 56% des dépenses publiques totales, une exception française. Sauf que ces dépenses-là arrangent aussi le Medef. Alors, Patrick Martin préfère pointer du doigt "le train de vie de l’État". Lequel est certes très cher, mais comparativement beaucoup moins que les dépenses sociales. Tartuffe.

Tartuffe aussi quand il se plaint - à raison - du niveau des dépenses publiques mais défend les subventions pour les entreprises. Tartuffe aussi quand il se plaint – à raison – du poids des normes, mais oublie que les organisations patronales et certaines grandes entreprises participent à leur prolifération, espérant se protéger ainsi de la concurrence. Alors c’est peut-être contre-intuitif, mais sur bien des sujets, on peut le dire : Medef, CGT, même combat !