ÉDITO - "Les grandes manœuvres à gauche et à droite sont une bonne chose", estime Étienne Gernelle

Qui pour diriger Les Républicains ? Qui pour diriger les socialistes ? On le saura d'ici au mois de juin. Est-ce de la petite tambouille en famille ou s'agit-il vraiment du début de l’après Macron qui se joue ? Ce sont les deux mon général ! La nature ayant horreur du vide, il est donc logique que la recomposition politique ait commencé. La dissolution a balayé une bonne part des structures de la vie politique française, à commencer par le macronisme, qui était le point de fixation de tout le monde.

S’est ensuivi un cirque politique pathétique pour constituer un gouvernement, puis des chantages budgétaires, la censure de Michel Barnier, d’autres chantages, mais ciblant cette fois-ci François Bayrou. Finalement, il se pourrait que l’on retrouve, pour quelque temps, un peu de stabilité. Tout cela a un mérite : on sort enfin la tête de la lessiveuse.

Des "écuries avec des sensibilités différentes" qui se reforment

Ces grandes manœuvres à gauche et à droite pourraient même être vues comme des bonnes choses. Sans dire qu'il s'agît là de grande politique, on note un certain nombre d'effets.

À gauche, le parti socialiste est en train de sortir du joug de LFI, après plusieurs années de vassalisation. La résurrection d’une gauche dite de gouvernement à côté d’une gauche radicale apporte un peu de clarté. Le PS va se choisir un nouveau patron d'ici à l'été 2025. On comprendra peut-être ce qu’il pense, en dehors du fait qu’il n’aime pas Emmanuel Macron.

À droite, la course est lancée entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, sans oublier la droite hors LR, Edouard Philippe chez Horizons, et Gérald Darmanin qui est chez Renaissance. C’est l’autre conséquence de la dissolution du bloc macronien qui avait mangé une partie de la droite : désormais se reforment des écuries avec des sensibilités différentes. Celles-ci sont libérées de la question de l’allégeance au camp présidentiel.

"Il est essentiel que le débat sur les grandes orientations de fond reprenne"

Tout cela promet donc un débat plus clair tandis que des questions plus importantes demeurent présentes comme celle de savoir qui va diriger les partis et se positionner pour la présidentielle ?

Pourtant, c’est précisément parce que nous avons un gouvernement empêtré et sans majorité, qu’il est important que se reforment des courants de pensée qui débattent de leurs visions. C’est parce que le monde est en ébullition, que la sécurité de l’Europe est en jeu, que l’intelligence artificielle bouleverse les rapports de force, qu’il est essentiel que le débat sur les grandes orientations de fond reprenne.

Soyons optimistes : il n’est pas interdit d’espérer qu’au passage, le retour des ambitions politiques nous sortent le nez des chantages à la censure et autres foires à la saucisse fiscale !

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