ÉDITO - Budget alloué au sport : "Macron donne des leçons de morale après avoir cramé la caisse", estime Étienne Gernelle

C’est accablant ! Cette histoire peut être vue comme une sorte de condensé de l’histoire de la dette. Le 22 janvier est paru dans le journal L’Équipe une tribune d’athlètes olympiques et paralympiques qui s’insurgent contre le rabotage du budget du sport. Leurs arguments s’entendent très bien, après tout le sport, c'est important et puis chacun est fondé à défendre ce qu’il fait. Mais que le président de la République prenne la plume pour leur apporter publiquement son soutien, c’est une farce de niveau olympique.

Emmanuel Macron à bien évidement a le droit de s'exprimer, tout le monde a, en effet, le droit de se ridiculiser. Mais si le budget des sports est raboté aujourd’hui, sûrement de manière brutale, c’est parce que nous avons un déficit abyssal : 164 milliards en 2024. D'ailleurs, Emmanuel Macron n’y est pas pour rien avec près de 1.000 milliards de dettes en plus depuis 2017 et son arrivée au pouvoir.

"Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics"

Autrement dit, "je crame la caisse, et après, je vais plaindre les gens que l’on met au régime sec pour cette même raison". Mais comme le disait l'évêque et écrivain Bossuet,  "Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer". Alors, on pourrait défendre cette initiative, faisant partie de la politique française, ou plutôt la démagogie française. On peut entendre ici la démagogie de ceux qui sont au pouvoir et essaient de se faire passer pour des bienfaiteurs en signant des chèques en bois. Il y a aussi la démagogie de l’opposition, qui plaide pour toutes les causes, se fichant totalement des conséquences financières puisqu’elle n’a pas à les assumer.

De ce point de vue, d’ailleurs, la sortie d’Emmanuel Macron est très instructive. Il se comporte ainsi comme s’il était dans l’opposition, il "soutient", il "réclame", cela veut dire qu’il admet qu’il n’est plus au pouvoir. Il se comporte tout comme François Mitterrand ou Jacques Chirac lorsqu’ils étaient des présidents en cohabitation, prenant systématiquement la défense de la veuve et de l’orphelin. Cette approche était aussi une manière d’embarrasser leur premier ministre. Cet épisode suggère qu’Emmanuel Macron se considère désormais en cohabitation avec François Bayrou. C’est un changement, voire un progrès, diront certains. La seule chose qui ne change pas du tout, c’est que la France a toujours autant de mal à faire des économies !