ÉDITO - Les consignes de vote, l’attrape-couillon des soirées électorales

Les consignes de vote, représentent "l’attrape-couillon des soirées électorales". Cela consiste au candidat battu de dire sur-le-champ et sans aucune ambiguïté, ce qu’il faut faire pour le second tour. C’est la question qui tue et qui doit être répétée mille fois si c'est nécessaire.

En retour, la réponse, si elle est un peu hésitante, fera réagir. La droite en a été longtemps la victime. Maintenant, c’est au tour de la majorité sortante. L’injonction du Front Républicain contre le Rassemblement National est un classique Pourtant, Emmanuel Macron et ses conseillers politiques se sont fait avoir comme des débutants. 

Nous avons raconté sur RTL les cafouillages des ministres pour savoir s’il fallait voter Nupes face au RN en y mettant un peu subtilité. Le "soutien mais pas pour tous de la Nupes", le gouvernement s’est fait piéger par une question qu’il aurait pu largement préparer. À l’électeur donc de différencier le bon Nupes du mauvais Nupes.

Des consignes de vote pas toujours suivies

En arithmétique, la consigne de vote ne représente presque rien. Les électeurs d’Ensemble de la coalition d’Emmanuel Macron ne joueront les arbitres qu’à la marge. Potentiellement dans 60 circonscriptions où il y a un duel Nupess/RN. Dans la réalité, il y en a beaucoup moins, tout au plus une dizaine de circonscriptions où cela est vraiment serré.

Les leçons de morale de la Nupes sur un Front Républicain entaché d’exception sont d’ailleurs assez savoureux. Dans beaucoup de circonscriptions, ses candidats espèrent bénéficier d’un autre front, le front anti-Macron. Ils accepteront bien, comme l’a formulé Jean-Luc Mélenchon hier soir sur France 2 dans un formidable lapsus, les voix des fachos s’ils ne sont pas trop fâchés. Normalement, il déclare l’inverse, les fâchés pas trop fachos.

Jean-Luc Mélenchon est de moins en moins regardant. Il prend les voix d’où qu’elles viennent donc y compris du Rassemblement National. Les leçons de morale ne valent pour personne.

Une menace pour la démocratie ?

Les instructions de vote abiment la politique qui n’a pas besoin de ça. Ce qui pourrait apparaitre comme de la clarté se révèle de la manipulation à courte vue. Emmanuel Macron a séduit sans finesse les électeurs de Jean-Luc Mélenchon pour sa réélection avant de leur dire aujourd’hui qu’ils votent pour un fou furieux.

Le plus simple est encore d’arrêter d’expliquer aux électeurs qu’ils ont tort, qu’ils votent mal
et de se mettre à faire de la politique. Faire campagne serait déjà bien. Il faut laisser aux électeurs le libre arbitre. À force de jouer le camp de la raison et de repeindre la quasi intégralité de l’échiquier politique en une horde dangereuse pour la République, la majorité sortante conforte et encourage un vote radical protestataire, un vote qui jusque-là lui avait été utile.

Les électeurs sont pris dans ce nouveau manichéisme des fréquentables et des infréquentables et que peut en penser la majorité de français qui n’a pas voté au premier tour des législatives ? Pensez-vous que si on leur dit pour qui il faut voter, ils retrouveront le chemin des urnes ?

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