Jean Castex s’apprête à quitter Matignon comme il y était entré : tranquillement. L’enfer de Matignon, c’est à l’origine le titre d’un livre de Raphaëlle Bacqué (éditions Albin Michel) dans lequel d’anciens Premiers ministres racontent leur calvaires. C’est aussi devenu une expression commune... qui ne s’appliquera pas à Jean Castex.
L'homme de 56 ans a bien vécu ses presque deux années au service de Emmanuel Macron. Il faut dire qu’il a passé plus de la moitié de son temps hors de l’hôtel de Matignon : 341 voyages ou visites au compteur, un peu partout en France, soit plus d’un jour sur deux hors de son bureau.
Il a bien eu des "emmerdements", comme il aime à le dire, mais pas de quoi parler d’un enfer. Les "emmerdements", je peux même vous dire que Jean Castex aime ça au fond. Pourquoi cela s’est si bien passé à Matignon ? Parce qu’il n’avait jamais imaginé qu’il pourrait être un jour Premier ministre un jour, pas plus qu’il ne s’est mis à rêver à l’Élysée.
Pas d’ambition avant et encore aucune d’affichée pour la suite : mine de rien, pour la sérénité, ça aide. Jean Castex n’a pas d’influence politique, de pouvoir de nuisances et ne fait pas d’ombre au Président. Que demandez de plus ? Une petite complémentarité avec Emmanuel Macron qui n’a pas fait de mal.
Son petit côté IIIe République a patiné le "macronisme" d’une touche authentique et provinciale. La magie de l’accent, car le bonhomme est quand même un haut fonctionnaire, énarque ultra-techno. Simplement, il sait faire, il sait comment une administration fonctionne ou dysfonctionne.
Son truc, dit-il souvent, c’est "l’intendance et l’exécution". En outre, il connait le terrain, les Français. Et dans la "macronie", c’est une compétence appréciée parce qu’elle n’est pas si commune.
Juste un mec bien, sans nœud dans la tête
Un responsable de la majorité
Choisi parce qu’il était de droite, Jean Castex a préservé l’équilibre savamment entretenu pendant le quinquennat : une majorité globalement à gauche, des Premier ministres venue de la droite. Mais c’est un Premier ministre de droite sarkozyste, qui a passé son temps à faire une politique de gauche en distribuant de l'argent comme jamais pour faire face au coronavirus puis pour à l’inflation.
Ce contre-emploi lui allait parfaitement, lui a facilité la tâche aussi. C’est qu’avec un hyper-Président, un Premier ministre ne sert plus de paratonnerre. Il y a moins de coup à prendre. D’ailleurs, en épluchant mes carnets, j’ai bien eu du mal à retrouver de véritables vacheries sur Jean Castex.
"C’est juste un mec bien, sans nœud dans la tête", m’a résumé mercredi 28 avril un responsable de la majorité. Les attestations débiles du confinement, les débuts difficiles de la vaccination, la tôle aux élections régionales : aucun reproche ne colle à Jean Castex.
Et son avenir, est-il positif aussi ? À force de ne pas afficher d’ambition, les rumeurs ne sont pas nombreuses. Il n’ira pas au Sénat, ne va pas devenir PDG de la SNCF tout de suite pour assouvir sa passion des trains. Alors ministre ? Pourquoi pas. Jean Castex avait prévenu, il y a longtemps déjà : en cas de réélection de Emmanuel Macron, il y aura besoin d’un nouveau souffle, qui passe par un nouveau visage. Il se prépare à quitter Matignon, tout aussi tranquillement qu’il y était entré.
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