Les bacheliers ont eu en 2025 quatre heures pour disserter sur cette question : "La vérité est-elle toujours convaincante ?". On peut se demander par la même occasion si "la vérité est-elle toujours convaincante en politique ?".
Non, absolument pas. Mark Twain disait qu'"un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures". En politique, cette conviction est assez intégrée, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Même si les deux derniers Premiers ministres, Michel Barnier et François Bayrou, ont martelé le mot "vérité" dans leurs discours de politique générale, on sent une forme de scepticisme sur le fait que la vérité paie.
On cite souvent pour illustrer ce fait les infortunes électorales de Raymond Barre ou Michel Rocard, deux élèves peu doués en matière de faribole, et qui n’ont jamais été présidents de la République.
On oublie souvent que De Gaulle était aussi capable d’entourloupes de haut vol. La plus connue bien sûr fut celle de 1958, lorsqu’il servait aux partisans comme aux adversaires de l’Algérie française le discours qu’ils voulaient entendre. Un double jeu total, mais, à la fin, pour servir une vérité : l’Algérie devait devenir indépendante. Et donc pour notre bien.
On pourrait y voir une application d’une formule de Machiavel qui sert souvent de référence au réalisme : "la vérité effective des choses". On ne vit pas dans un monde idéal, il faut s’adapter. Mais le vrai sujet, aujourd’hui est encore plus grave que le pouvoir de conviction de la vérité, c’est le pouvoir de conviction du mensonge. Ce qu’on appelle le populisme.
Le meilleur livre de philosophie sur ce sujet est bien Réflexes primitifs de Peter Sloterdijk, peut-être le philosophe le plus stimulant de notre époque. Celui-ci décortique l’histoire du populisme et de la post-vérité depuis l'Antiquité.
Le premier chapitre est intitulé "ceux qui veulent être trompés". Car tout cela repose, explique Sloterdijk, sur "un pacte demi conscient et demi inconscient, entre les menteurs et ceux que l’on abuse". Et il cite ce glorieux ancêtre des populistes, Scaevola, juriste roman du premier siècle avant J.-C. : "Si mundus vult decipi, deciepiatur" : "Si le monde veut être trompé, qu’il le soit".
La conclusion de cette micro dissertation pour laquelle je demande l’indulgence du jury s’adresse aux bacheliers qui deviennent aussi des électeurs : pour ne pas être trompés, il faut déjà commencer par ne pas le vouloir.
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