ÉDITO - "La vérité, c'est qu'il faudra désormais faire avec le RN", analyse Isabelle Saporta

Il fallait l’entendre, Antoine Armand, notre ministre de l’Économie et macroniste pure souche, se poser comme le Jean Moulin du gouvernement. Enfin plutôt le moulin à vent. Tout seul avec son petit corps de ministre, il se voyait déjà faire barrage comme un vaillant castor.

Tel un de Gaulle de la Macronie, il voulait faire plier Marine le Pen et humilier les députés du RN qui auraient été les seuls à ne pas être reçus pour parler de l’état désastreux de nos finances. Il a tapé très fort du pied Armand pour dire que le chef, c'était lui !

Et puis papa Michel Barnier, notre premier ministre, est arrivé. Il a sifflé la fin de la récré. Parce qu’il sait, lui, que son gouvernement peut se faire censurer. Il sait aussi que la cheffe, la vraie, c’est Marine Le Pen, car sans majorité, le couperet du vote de ses 126 députés peut tomber à tout instant. Alors notre ministre de l’Économie a dû ravaler sa fierté.

Le RN est devenue incontournable

Le RN, c’est 11 millions d’électeurs, le seul parti en Europe qui fasse systématiquement plus de 30%, le premier parti à l’Assemblée. On peut discuter des heures durant de qui est dans l’arc républicain, aux frontières de cet arc, dans le giron, ou pas… Les électeurs RN et leurs élus méritent le respect. Ils font partie de la République et de la vie républicaine.

Je ne sais pas si vous avez vu la passation de pouvoir entre l’ancien Ministre Bruno le Maire et le nouveau Antoine Armand dimanche soir. On était dans la quatrième dimension. Tout le monde se tutoyait, se félicitait ! C’est simple : on aurait dit que la Macronie avait gagné les élections, et que la dette s’était miraculeusement évaporée !

Hier, Marine Le Pen vient de rappeler l’ancienne majorité à la dure réalité. On peut toujours faire semblant d’être mauvais perdant, mais la vérité, c'est qu’il faudra désormais faire avec le RN.