ÉDITO - Retraites : Étienne Gernelle dénonce "la course de lenteur de Michel Barnier"

C’est une course d’escargots dans la brume, puisque le principe, c’est non seulement qu’on y va lentement, mais qu’en plus on ne sait pas où l’on va. Je ne sais pas si quelqu’un a compris quelque chose à ce qu’a dit Michel Barnier sur le sujet des retraites, mais s’il y en a un, il mérite au moins un prix Nobel. 

Michel Barnier dit d’abord qu’il faut "préserver le cadre financier" de la réforme des retraites. Sauf que les régimes ne sont pas équilibrés, et ne le seront pas non plus après la réforme Macron. Donc ça veut dire quoi ? Préserver le déficit ? Ensuite, vous savez, en matière de retraites, il y a trois leviers : l’âge de départ, le montant des cotisations, ou le montant des pensions. Et l’on ne sait rien de ce sur quoi il envisage de bouger. Or, c’est précisément le cœur du débat.

Michel Barnier a dit qu’on peut "améliorer" la réforme des retraites, notamment sur les carrières longues. Mais améliorer avec quelles ressources puisqu’on a préservé le cadre qui lui-même est un déficit abyssal ? Tout cela ne veut rien dire. Mais vous savez quoi, Michel Barnier est trop intelligent pour dire des choses qui ne veulent rien dire. Il fait donc exprès. C’est la technique Greenspan, ancien patron de la Fed, la Banque centrale américaine, qui a eu un jour cette formule : "Si vous avez compris ce que j’ai dit, c’est que je me suis mal exprimé".

Ne pas être compris sert d’un côté à éviter une crise politique, s’il a l’air ne rien vouloir céder. De l’autre, à ne pas déclencher une crise sur les marchés financiers, s’il donne l’impression de vouloir céder. On va donc avoir une concertation avec les partenaires sociaux. Une très longue concertation. En matière de retraites, la procrastination, c’est une longue histoire. Les données démographiques sont connues depuis des décennies, mais les réformes ont toujours été tardives, et en dessous ce ce qui était nécessaire. Dans le cas présent, et au vu de la situation politique, je prédis une issue de la concertation, disons fin 2024-début 2029.

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