ÉDITO - La commission d'enquête du Sénat plaide pour un contrôle renforcé de l'État sur TotalEnergies

Une Commission d'enquête sénatoriale, présidée par Yannick Jadot, ancien candidat écologiste et actuellement installé au Palais du Luxembourg, appelle à un renforcement du contrôle de l'État sur TotalEnergies. Bien que les sénateurs reconnaissent les efforts significatifs de Total dans les investissements en énergies renouvelables, ils estiment nécessaire que l'État devienne actionnaire de l'entreprise pour accélérer sa transition énergétique au-delà des énergies fossiles telles que le pétrole et le gaz.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, TotalEnergies est une entreprise entièrement privée, dont la majorité des actions est détenue par des investisseurs étrangers, principalement américains. C'est l'ancien pétrolier Elf, qui était une société publique jusqu'aux années 1990 avant d'être rachetée par Total.

Une "golden share" comme solution ?

Plutôt que de racheter des actions sur le marché, une démarche jugée comme "trop coûteuse", les sénateurs suggèrent d'introduire une "action spécifique" ou "golden share" détenue par l'État. Cette action spéciale conférerait à l'État des pouvoirs exceptionnels, permettant notamment de s'opposer à la vente de certaines filiales ou à l'achat d'entreprises non alignées avec une stratégie bas-carbone. 

Un administrateur représentant l'État, sans droit de vote, pourrait ainsi influencer ces décisions stratégiques importantes sans droit de vote. Cette méthode n'est pas inédite. Même Margaret Thatcher avait instauré des "golden shares" lors des privatisations des services publics britanniques, afin de maintenir un certain contrôle sur les entreprises.

Quels sont les risques d'une telle mesure ?

Cependant, l'idée de la "golden share" reste une pratique critiquée. Selon certains analystes, cette mesure pourrait entraîner une chute immédiate du cours de l'action TotalEnergies, les investisseurs craignant que les décisions de l'entreprise soient dictées par des considérations politiques plutôt que par des impératifs de rentabilité. Actuellement, la stratégie de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, consiste à utiliser les profits générés par les activités pétrolières pour financer les investissements dans les énergies renouvelables, bien que cette transition soit jugée trop lente par certains.

Les détracteurs de cette proposition soulignent également le piètre bilan de l'État dans la gestion des entreprises. Des exemples comme EDF, prise entre les injonctions contradictoires de l'État, des règles européennes et des contraintes du marché, et les retards dans le développement de l'éolien offshore, illustrent les risques d'une intervention étatique mal avisée. L'affaire des "avions renifleurs" dans les années 1970, où Elf avait été escroquée, reste un exemple des dangers d'une gestion publique inefficace.