Ce vendredi 24 mai se tient l’assemblée générale des actionnaires de TotalEnergies. Rarement une entreprise aura suscité autant de passion. Une passion débordante, en effet, comme on va probablement s’en rendre compte une nouvelle fois pendant cette assemblée, qui déclenche toujours manifestations et harangues des activistes, en particulier ceux qui défendent l’environnement, qui critiquent la stratégie de l’entreprise.
Reprocher seulement à Total de vendre du pétrole, ce serait un procès un peu facile car s’il y a vente, il y a acheteurs, et c’est bien nous qui achetons de l’essence... En réalité, le principal reproche qu'on lui fait, c’est de poursuivre l’exploration et l’exploitation des ressources d’hydrocarbures, pétrole et gaz. Pas plus tard qu’il y a trois jours, l’entreprise annonçait un nouvel investissement pour forer en mer à 1.700 mètres de profondeur, à 100 km des côtes de l’Angola, en Afrique.
On ne peut pas pour autant affirmer que Total fait comme s'il n'y avait pas de changement climatique. Mais l’entreprise estime que la demande de pétrole n’est pas près de se tarir, et veut la satisfaire, c’est son métier. Pour cela, il faut continuer à investir dans la production, c’est-à-dire, de facto, alimenter la machine mondiale à émettre du carbone. Mais dans le même temps, elle se développe aussi dans les renouvelables. L’objectif affiché est de réinvestir les profits de l’or noir dans les énergies propres.
Ces investissements représentent un tiers des investissements de l’entreprise, en gros cinq milliards par an. Jeudi 23 mai, TotalEnergies annonçait par exemple avoir atteint une capacité de production d’électricité renouvelable, solaire et éolien, en France, de deux gigawatts. Cela représente la consommation de près de deux millions d’habitants. Ce n’est pas rien. En réalité, Total est en train de bâtir une électricité de taille mondiale, apte à rivaliser avec les plus gros.
Mais les critiques disent que ce n’est pas suffisant, ce qui est un débat légitime, chez les actionnaires de Total et même plus largement : le rythme de transition choisi par la direction, un tiers des investissements, est-il assez rapide ? Pour avoir tous les éléments, il faut quand même savoir que les autres pétroliers ne font même pas cet effort de redéploiement.
En effet, les grands américains, les Chevron et autres, restent à fond sur le pétrole. Shell, européen comme Total, vient de décider de réduire ses objectifs environnementaux, sous la pression de ses actionnaires, qui ont voté cette résolution à 78%, il y a deux jours ! Total est un cas. Un cas salué d’ailleurs récemment par l’agence de presse financière Bloomberg, qui expliquait que les autres pétroliers, les concurrents, auraient intérêt à s’inspirer du modèle de TotalEnergies.
Mais ils ne le font pas, parce que leurs actionnaires leur demandent de rester dans le pétrole, la plupart du temps très rentable. Et de fait, au moins aux États-Unis, les pétroliers sont mieux valorisées que le Français. C’est regrettable, c’est même préoccupant, mais c’est le monde tel qu’il est. Chacun d’entre nous, lorsqu’il fait le plein d’essence, contribue à le faire rester tel qu’il est. Et l’on se déculpabilise en criant, comme dans la fable de La Fontaine, "haro sur le baudet", "haro sur Total".
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