ÉDITO - Gouvernement Bayrou : "Il n'y aura pas de redressement budgétaire", estime François Lenglet

Un parfait inconnu ministre de l'Économie. Éric Lombard est un financier éminent qui dirigeait jusque-là la Caisse des dépôts, une grande banque publique chargée du financement du logement et des collectivités locales. Auparavant, il a été assureur, banquier ou encore conseiller au cabinet de ministre des Finances de gauche, comme Michel Sapin.

C'est un homme de la société civile. Il n'est ni politique, ni même énarque. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un patron est nommé à Bercy. Il y a eu Francis Mer, ancien patron d'usine, et Thierry Breton. Tous deux ont été ministres sous Jacques Chirac. 

Les poids lourds de la politique ont refusé le poste alors qu'il était naguère l'un des plus convoités. Éric Lombard va partager cette mission impossible avec Amélie de Montchalin, nommée ministre du budget. 

Une nomination dans un contexte budgétaire tendu

La situation des comptes s'est encore dégradée. En 2024, le déficit va atteindre 6,2% du PIB. C'est le plus mauvais chiffre de la zone euro. Désormais, on se fait même donner des leçons par l'Italie. 

À lire aussi

Royaume-Uni

Manifestation d’extrême droite à Londres : Downing Street dénonce les propos d’Elon Musk

Or, il va être très difficile de faire quoi que ce soit. Réduire les dépenses ou augmenter les impôts ? Si on se réfère aux déclarations du Premier ministre ce lundi 23 décembre, la balance penche plutôt vers une réduction des dépenses. Une mise en place de ces mesures de redressement sera très difficile sans majorité à l'Assemblée. C'est d'ailleurs là-dessus qu'est tombé le gouvernement Barnier.

En matière budgétaire, il ne faut pas espérer grand chose. Le budget 2025 sera élaboré dans les semaines qui viennent, c'est d'ailleurs un retard inédit. Ce lundi 23 décembre, François Bayrou a parlé dans son interview sur BFMTV d'un déficit 2025 au-delà des 5%. Son prédécesseur, Michel Barnier, avait voulu atteindre ce chiffre, puis il avait dû en rabattre progressivement au fil des négociations avec l'opposition, mais aussi avec ses alliés. Il faut se faire à la réalité, il n'y aura pas de redressement budgétaire avec ce gouvernement et cette majorité.

Que peut faire Éric Lombard ?

Éric Lombard peut limiter la casse, éviter que le trou ne se creuse encore davantage, négocier un énième calendrier de redressement budgétaire avec Bruxelles, et puis travailler à ce que nos emprunts soient placés auprès des investisseurs qui nous financent.

Les montants dont on a besoin sont maintenant considérables. Lundi 23 décembre, on apprenait que la France allait devoir emprunter 340 milliards d'euros en 2025, soit près de 12% de son PIB. Le jour même de sa nomination, notre nouveau ministre de l'Économie aura donc battu un record : jamais la France n'avait emprunté autant sous la Ve république.