ÉDITO - Elon Musk appelle à remplacer les avions de combat par des drones : visionnaire ou provocateur ?

Lundi, le milliardaire Elon Musk a critiqué les avions de combat modernes, affirmant que les drones représentent l'avenir des conflits aériens. Il a particulièrement visé le F-35, avion de combat du constructeur américain Lockheed Martin, considéré comme le fleuron des forces aériennes des États-Unis depuis son entrée en service en 2015, le qualifiant de trop coûteux.

Le patron de Tesla s'attaque ainsi à une icône stratégique et industrielle. Le F-35 est le fer de lance de l'industrie de l'armement américaine, équipant également de nombreux pays. L'argument de Musk est simple : les drones, pilotés à distance par des opérateurs au sol, sont tout aussi efficaces et moins chers. La guerre en Ukraine l'a démontré. Pourquoi donc dépenser autant d'argent à un moment où il faut faire des économies ? Il est important de rappeler que le coût total du programme F-35 dépasserait les 1.500 milliards d'euros.

Est-ce une idée vraiment réalisable ?

Selon Musk, oui. Ses partisans comparent l'arrivée des drones à l'invention des ordinateurs personnels dans les années 90, qui ont rendu obsolètes les grands systèmes informatiques coûteux. Musk prédit que le F-35 sera le dernier chasseur construit aux États-Unis. Cette question est cruciale pour Lockheed Martin, mais aussi pour les industriels du secteur, notamment Dassault, qui fabrique et vend le chasseur français Rafale à l'échelle mondiale.

Elon Musk, visionnaire ou provocateur ?

Il est tentant de prêter attention à ses propos, car il a déjà fait preuve de vision, notamment avec la voiture électrique et les fusées réutilisables, conquérant ainsi la place de leader mondial du spatial, détrônant l'européen Ariane. Cette question est d'autant plus importante que plusieurs grands programmes industriels sont en cours en Occident pour construire le chasseur du futur, comme le NGAD (Next Generation Air Dominance) américain et le SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) européen, piloté par Dassault, ainsi qu'un projet anglo-japonais. Ces programmes mobiliseront des fonds considérables.

Que pensent les militaires de cette idée ?

Pour l'instant, les militaires estiment que l'avion piloté par un humain est irremplaçable pour des raisons pratiques. L'humain est capable de faire face à des situations imprévues et de prendre des décisions critiques, ce qui est essentiel pour des raisons éthiques. Lorsqu'il est question de vie ou de mort, on ne peut pas déléguer la décision à une machine. Ils soulignent que l'Ukraine elle-même a besoin de chasseurs, les drones ne suffisant pas. De plus, la Chine est engagée dans un programme industriel de chasseurs aériens de très haut niveau.

Ne peut-on pas imaginer une complémentarité entre avions et drones ?

Absolument. C'est d'ailleurs l'évolution probable des systèmes de combat aérien. Le SCAF, piloté par la France, envisage cette complémentarité : un chasseur piloté, actionnant des drones collaboratifs, avec des systèmes d'information et une part croissante de l'intelligence artificielle pour assister la décision humaine, sans la remplacer.

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