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Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Michel Barnier lors des commémorations du 106e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918, à Paris, le 11 novembre 2024.
Crédit : Ludovic MARIN / POOL / AFP
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Emmanuel Macron a donné une allocution télévisée jeudi 5 décembre devant plus de 17 millions de téléspectateurs. Au lendemain de la censure de Michel Barnier, le chef de l'État a promis de nommer un Premier ministre "dans les prochains jours", pas question pour lui de rejouer la longue séquence de cet été. L'idée est de former un gouvernement d'intérêt général. Pour cela, il cherche un "arc de gouvernement républicain", et pour le trouver, il consulte toute la journée les représentants de partis, à commencer par le bloc central.
Dès 8h30 ce vendredi matin, les fidèles du président, les chefs du centre, étaient réunis autour du café. Gabriel Attal pour Renaissance, Laurent Marcangeli pour Horizon, Édouard Philippe absent, était retenu dans sa mairie du Havre. Et pour le MoDem, Marc Fesneau et François Bayrou, le maire de Pau, qui semble toujours être le favori pour s'installer à Matignon. Mais "il n'a pas encore été adoubé lors de cet échange", glisse un proche du président.
La journée de consultation se poursuit, les socialistes sont rentrés à pied dans la cour de l'Élysée. Sont-ils prêts à participer à ce gouvernement d'intérêt national comme le veut Emmanuel Macron ? "Responsabilité", "dialogue", voilà les mots d'ordre affichés par Olivier Faure juste avant de rentrer. Le chef du PS a rappelé quand même vouloir un Premier ministre de gauche. Surtout, il s'inquiète, regrette que les écologistes et les communistes n'aient pas été invités par Emmanuel Macron.
Ce rendez-vous reste décisif pour le chef de l'État. Pour la première fois, les socialistes semblent prêts à accorder un pacte de non-censure, voire un gouvernement d'intérêt national, comme l'a esquissé Emmanuel Macron. Avant de franchir la grille de l'Élysée, Olivier Faure a rappelé qu'il n'était pas question de renoncer à leur identité. "Ce qu'on est venu dire ce matin au président, c'est que nous voulons un changement de cap. Seul un Premier ministre de gauche est en mesure aujourd'hui de garantir cette orientation. Je m'inquiète du fait qu'il n'ait pas encore appelé ni les communistes ni les écologistes qui ont pourtant fait part de leur volonté de participer à une démarche constructive".
Revenir sur la réforme des retraites d'Élisabeth Borne, bifurcation écologique, services publics… Olivier Faure avait sous le coude des priorités et promet une confrontation de point de vue à Emmanuel Macron.
Pour l'instant, les derniers sur la liste des invités du jour sont les Républicains. La droite viendra à l'Élysée dans l'après-midi. À vouloir fricoter avec les socialistes, le président pourrait perdre ses alliés depuis trois mois, les Républicains. Un de ses ténors, le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, a prévenu ce vendredi matin : "La droite ne pourra faire aucun compromis avec la gauche".
Le grand écart n'est donc pas gagné d'avance. Les macronistes semblent plus disposés à s'ouvrir à la gauche. Mais de là à filer les clés de Matignon au PS, "je ne vois pas comment", estime un des participants. Alors pourquoi pas François Bayrou, le MoDem Premier ministre ? Le maire de Pau reste favori, tandis que l'hypothèse du fidèle ministre des Armées, Sébastien Lecornu, s'est éloignée lors de cet échange. Mais Emmanuel Macron veut choisir vite, il l'a redit, il veut nommer un Premier ministre lundi.
Se mettre autour d'une table constitue un arc républicain. C'est une petite musique qui commence à résonner dans la classe politique. On a l'impression que les lignes bougent un petit peu, notamment à gauche, parce que les socialistes sont en train de se détacher du nouveau front populaire, enfin surtout de la tutelle des insoumis. Olivier Faure a acté la rupture en disant que la France insoumise, elle s'est elle-même exclue d'un futur tour de table avec les forces politiques du Bloc central. Mais le PS, lui, est prêt à discuter, avec les macronistes et même avec Laurent Wauquiez, s'il le souhaite.
Ça ne veut pas dire que des socialistes entreraient dans un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite, mais en tout cas qu'il pourrait y avoir un accord de non-censure, un soutien sans participation au gouvernement. Ce serait forcément un gouvernement à durée de vie limitée, sur des projets précis, sur la base de concessions réciproques. Olivier Faure en a faite une de taille sur les retraites ce matin. Il ne parle plus d'abrogation immédiate de la retraite à 64 ans, mais d'un gel en attendant une conférence de financement. C'est un début de concession, un signal qu'il ne s'agit plus d'une ligne infranchissable pour le PS.
Les députés LR restent sur une ligne assez proche, favorables à des discussions et éventuellement un accord de non-censure d'un gouvernement dans lequel figureraient des socialistes, avec deux lignes rouges : pas d'insoumis dans le gouvernement et pas de Premier ministre du NFP. Là aussi, on parle de compromis. Une des figures du groupe, Véronique Louwagie, estime qu'il faut aménager la réforme des retraites. Mais les LR sont divisés et Bruno Retailleau, le ministre démissionnaire de l'Intérieur, refuse de faire tout compromis avec la gauche. Cette gauche a, selon lui, trahi Blum et Clémenceau en pactisant avec les insoumis.
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