ÉDITO - États-Unis : "On ne sait pas ce qui l’emporte du préjugé raciste de Trump ou de son inculture", s'insurge Isabelle Saporta
Mercredi, Donald Trump a félicité le président du Libéria, Joseph Boakai, pour son niveau d'anglais, alors qu'il s'agit de la langue officielle de ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Alors que Donald Trump recevait mercredi cinq présidents africains à la Maison-Blanche pour évoquer la question cruciale des minerais, il s'est lancé dans une tirade bien paternaliste à l’égard du leader libérien, le félicitant de son niveau d’anglais : "Merci, et dans un si bon anglais, si beau".
Puis, soudain lyrique, le président américain continue de s’enfoncer : "Où avez-vous appris à le parler de manière aussi belle ? Où avez-vous étudié ? Au Libéria ?". Joseph Boakai a un petit rire gêné et répond un simple : "Oui Monsieur".
Mais Donald Trump n’entend pas sa gêne et continue à creuser le trou de sa gaffe, se pensant sans doute élégant vis-à-vis de son invité. Il conclut : "Et bien c'est très intéressant, c'est un bel anglais. J'ai des gens autour de cette table qui sont loin de le parler aussi bien que vous."
"Le pire, ce sont ceux qui flagornent"
Sauf que le Libéria a été fondé en 1822 sous l'impulsion des États-Unis par des esclaves noirs affranchis. Et l'anglais est donc la langue officielle, c’est un héritage direct de son histoire américaine. Voilà. On ne sait pas ce qui l’emporte du préjugé raciste de Trump ou de son inculture… Quoi qu’il en soit, tout le monde s’est tu.
Le pire, ce ne sont pas ceux qui se taisent, c’est compréhensible quand vous devez faire face au leader de la première puissance mondiale. Non, le pire ce sont ceux qui flagornent. La palme d’or revenant sans aucun doute au leader israélien Benyamin Netanyahou, qui a offert une mezouzah - un objet du culte juif traditionnellement fixé sur les portes d’entrée - en forme de bombardier B-2, ces avions qui ont été utilisés par les Américains pour bombarder les installations nucléaires iraniennes. Or cette mezouzah est fabriquée à partir d’un missile iranien.
La palme d’argent de la courtisanerie revient à Mark Rutte, le secrétaire général de l’Otan qui a appelé Donald Trump "Papa", avant d’avoir un peu honte et de rétropédaler. Une petite citation pour conclure : "Aujourd’hui, les courtisans gloussant pour plaire modifient un peu l’intonation. Plus d’un ramasse à terre, nous ne disons pas dans la boue, ce qu’il mange." C’est de Victor Hugo et ça n’a pas pris une ride.
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