Ce n’est pas que nous nous sommes ennuyés, mardi 17 décembre, en regardant François Bayrou répondre seul aux questions des députés à l’Assemblée. Mais en l’écoutant, on s'est souvenu d’un vieux jeu de société, dans lequel le Premier ministre aurait excellé. Ce jeu s’appelle le Taboo, il se joue en équipe, et il consiste à faire deviner un mot à ses partenaires sans en prononcer certains autres, qui sont eux interdits. Qui sont "tabous". Et manifestement, François Bayrou, qui est agrégé de lettres, en est un expert. Il l’a démontré mardi à l’Assemblée à propos des finances publiques, parvenant à ne jamais prononcer les mots qui fâchent.
Le maire de Pau a par exemple pris le soin de ne jamais prononcer "dépense sociale". Oh le gros mot ! Interdit ! On ne doit pas dire que la moitié des dépenses publiques sont des dépenses sociales, que ce sont elles qui ont le plus augmenté ces dernières années. Et qu’il n’y a aucun moyen de baisser la dépense globale sans y toucher. À la place, on a eu droit à un joli euphémisme "dépenser moins pour agir mieux". Ah mais là tout le monde est d’accord ! Personne ne se sent visé, ça ne fait pas mal. Sauf que c’est une illusion : la baisse de la dépense indolore, ça n’existe pas.
Autre exemple : les impôts. Là aussi, il a été magnifique, François Bayrou. Vous l’avez entendu, vous, s’avancer sur une clef de répartition entre baisses des dépenses et hausses d’impôt ? Mais non, bien sûr ! Tabou ! On a eu droit à un, je cite : "Je n’ai jamais cru que c’était dans la fiscalité que se trouvait la réponse à tous les problèmes du pays". Eh bien avec ça, on est bien avancé.
Il a quand même dit que réduire la dette était une "obligation morale" vis-à-vis des générations futures. Certes. Et il a même parlé à ce propos de "lâcheté". Mais on est loin du ton martial qu’il avait en 2007, quand il disait que "la dette est notre ennemi", alors qu’elle atteignait à peine 1.200 milliards d’euros, contre 3.200 aujourd’hui. François Bayrou s’est contenté de dire que depuis toujours, il a tout dit sur le sujet mais sans répéter ses propos. Bref, sans prononcer les mots tabous.
Son objectif politique – et on le comprend bien – est d’élargir son socle politique à gauche. Donc il évite les mots qui à gauche sont des gros mots. Et c’est là d’ailleurs là la différence avec jeu Taboo, dans lequel l’objectif est que ses partenaires de jeu devinent le mot caché. Là, François Bayrou veut au contraire éviter que ses futurs partenaires de coalition devinent ce qu’il a en tête. Alors jusqu’à quand ? Au moins jusqu’à janvier et son discours de politique générale. À ce moment, il faudra sans doute arrêter de jouer sur les mots.
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