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ÉDITO - Emmanuel Macron : "L’heure de la vengeance des boulistes a peut-être sonné", estime Etienne Gernelle
Avant sa première élection, Emmanuel Macron avait comparé LR et le PS à l'amicale des boulistes. Une comparaison qui apparait comme une erreur aujourd'hui, selon Etienne Gernelle.
Emmanuel Macron, le 12 mars 2024
Crédit : Gonzalo Fuentes / POOL / AFP
Emmanuel Macron est en train de subir la revanche des boulistes. Souvenez-vous, c’était à l’automne 2016. L’impétueux Emmanuel Macron se moquait beaucoup du "vieux monde". Voici comment il parlait des deux partis de gouvernement historiques, le PS et les LR : "Les deux grands partis, c'est l'amicale des boulistes. Mais sans l'amitié et sans les boules". Et il a joint les actes à la parole. Il a depuis consciencieusement siphonné, pillé, et marginalisé PS et LR pour composer son grand bloc central. Sauf que l’heure de la vengeance des boulistes a peut-être sonné.
Raphaël Glucksmann tête de liste Place publique et du PS aux européennes, talonne désormais la liste Renaissance de Valérie Hayer. Dans le dernier sondage Ipsos pour RTL, la différence se situe dans la marge d’erreur. Quant aux Républicains, ils tiennent désormais le gouvernement Attal à leur merci. Une motion de censure déposée par eux, par exemple à propos d’une loi de finances rectificative, aurait de grandes chances de passer. Les boulistes vous saluent bien.
Macron a oublié que les succès électoraux ne sont pas éternels
Etienne Gernelle
C’était donc une erreur de la part de Macron de les traiter ainsi ? D’abord, la métaphore n’était pas heureuse. Le jeu de boules remonte à loin, Diderot et d’Alembert le mentionnaient dans leur Encyclopédie, Balzac l’a aussi décrit. Le bouliste résiste au temps. Surtout, Macron a oublié que les succès électoraux ne sont pas éternels. En juin 2022, les législatives ne lui ont pas donné de majorité absolue. Dans ces cas-là, quand on est pragmatique, on fait des alliances, des compromis. Le plus logique aurait été à ce moment de le faire affaire avec les boulistes de droite, c'est-à-dire LR.
Non, il a même fait le contraire, il a poursuivi sa besogne de siphonnage, débauchant notamment Rachida Dati lors du dernier remaniement. Résultat, ceux qui sont restés chez LR, et qui étaient déjà, par définition, les plus éloignés de lui, lui en veulent encore plus. Même des majorités dites "de projet", au cas par cas, deviennent difficiles à trouver. Et au moment où la situation des finances publiques devient franchement dangereuse, et qu’il faudrait oser de grandes réformes, il semble cloué au sol.
D’ailleurs, connaissez-vous l’étymologie du mot pétanque ? Pétanque vient de l’occitan provençal : pè (le pied), et tanco, (fixé au sol). Les pieds fixés au sol. Cela décrit assez bien Macron.
