ÉDITO - Élisabeth Borne : "Ça peut être une main de fer dans un gant de velours", estime Alba Ventura

Le conseil du jour : quand on est premier ministre en ce moment, il ne vaut mieux pas quitter son gilet pare-balles, entre la grève dans les raffineries et la grève générale ce 18 octobre et la probable utilisation du 49.3 à l'Assemblée nationale. 

Ce qu'il se raconte, c'est que dans le conflit chez Total avec la CGT, Élisabeth Borne n'a pas hésité à réveiller Philippe Martinez à deux heures du matin pour lui demander ce qu'il faisait, vu qu'il avait un peu disparu de la circulation. Elle n'a pas hésité à rappeler non plus à Patrick Pouyanné comment elle, elle faisait lorsqu'elle avait une grève à la RATP du temps où elle dirigeait l'entreprise. Il parait que le PDG de Total l'a remercié pour ses conseils. Des conseils qu'elle a donnés avec autorité, mais sans brutalité.

Cette action montre qu'en tout cas, Élisabeth Borne n'est pas aussi rigide qu'on le pensait et qu'elle ne ressemble pas à Margaret Thatcher, mais elle est tout de même assez directe. C'est une femme de caractère. Elle peut agir froidement. Demandez au patron de SNCF Réseau comment il s'est fait congédié sur un coup fil en un week-end. Ça peut être une main de fer dans un gant de velours. 

Sauf qu'en ce moment, certains au gouvernement et dans la majorité aimeraient qu'elle soit plus main de fer, qu'elle montre davantage les crocs. Et ça, ce n'est pas gagné, car elle passe son temps à dire à ses équipes "attention au mot que vous employez, au mot mal utilisé ou utilisé à contre-temps". 

Une expérience non négligeable dans le domaine de la négociation

Négocier : c'est le mandat que lui a confié Emmanuel Macron. Elle a l'expérience de la négociation sociale. Il ne faut pas oublier qu'en dehors de la RATP, elle a été préfète et ministre du Travail. Négocier, c'est aussi ce qu'elle fait pour la réforme des retraites, mais là sur les grèves, il s'agit de négocier dans la crise et c'est plus compliqué. D'ailleurs, elle a du mal à concéder qu'il y a eu du retard à l'allumage. Elle plaide aussi que le gouvernement n'avait pas à se mêler d'un conflit interne à l'entreprise, mais le conflit a largement débordé sur la vie des Français. 

Elle dit : " je ne suis pas hors sol". Alors, elle ne l'est pas, mais elle n'est pas politique. Pour elle, ce n'est pas un défaut. Elle qui a coutume de dire que "rien ne l'angoisse", sans que l'on sache si c'est vrai ou si c'est juste une carapace. 

Quelle relation entre Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ?

Emmanuel Macron lui fait confiance, mais il est quand même monté en première ligne. C'est lui qui a convoqué tout le monde à l'Élysée lundi soir pour que le bazar des pompes à essence soit réglé avant les vacances de la Toussaint.

Il la respecte, il la trouve légitime, mais il décide, il négocie, il décide, elle exécute.

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