ÉDITO - Élections européennes : "Les candidats donnent souvent l'impression de penser à autre chose", déplore Étienne Gernelle

Pour peu, on dirait que cette campagne des élections européennes est un simple échauffement pour de futures élections nationales. Une répétition, comme le bac blanc ou des matchs amicaux avant une vraie compétition. Dans un sondage Elable de ce week-end pour la Tribune Dimanche et BFM TV, on constate que seul un Français sur deux s'y intéresse et que parmi eux, seuls 26% sont motivés en priorité par des enjeux de politique européenne. C'est un classique, mais c'est un classique de plus en plus fou. 

Prenez l'agriculture, l'immigration, le commerce international, l'industrie de défense, ou l'écologie... Aucun de ces sujets qui cristallisent l'attention, parfois même des passions, ne peut être traité sérieusement sans la dimension européenne. Remarquez, nos politiques nationaux ne donnent pas vraiment l'exemple, très peu de candidats parlent vraiment des sujets sous un angle européen, ou alors ils font semblant. Par exemple, quand on attaque la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, c'est très souvent, en y associant Macron. Alors c'est vrai, certains, comme Raphaël Glucksmann, invité du Grand Jury dimanche, en parlent un peu plus que d'autres, mais globalement, les candidats donnent souvent l'impression de penser à autre chose. 

Il y a déjà cette propension qu'ont les partis à envoyer à Strasbourg les seconds couteaux, comme si c'était soit une punition, soit une mesure de recasage. Ce n'est pas une règle absolue, il y a quand même des personnalités de premier plan, mais c'est globalement une spécificité française. Les Allemands, par exemple, ne font pas ça du tout. Mais le plus déprimant, c'est peut-être qu'on parle si peu de la future Commission, l'autre enjeu de cette élection. Ursula von der Leyen est la sortante, la favorite aussi pour le prochain mandat. Mais il n'est pas totalement certain que le Conseil européen la propose à nouveau au Parlement. Et si ce n'est pas le cas, quelques noms circulent en coulisses, issus eux aussi du parti populaire européen. Il s'agit du Croate Andrei Plenkovitch et du Grec Kyriakos Mitsotakis. En France, on n'a pas beaucoup entendu leur nom, ce qui compte tenu de l'importance du poste, est fou.