Dreux : lassés par la classe politique, les habitants ne votent plus

Il y a neuf mois, Emmanuel Macron décidait de dissoudre l'Assemblée nationale, entraînant l'organisation de nouvelles élections législatives. À Dreux dans l'Eure-et-Loir, en juillet dernier, près d'un électeur sur deux s'était abstenu de voter. Le bar-tabac du centre-ville est, comme une ironie du sort, situé juste en face de la permanence du député local, le LR Olivier Marleix. Les stores sont baissés et pour Jean, le patron du bar, c'est tout un symbole de l'inaction des hommes politiques qui utilisent d'après lui toujours les mêmes méthodes.

"Moi, ça ne m'intéresse pas. C'est résumé à des gens qui font apparemment ce qu'on leur demande (...) Les économies, chez eux, ils les trouvent toujours dans les impôts, jamais dans l'économie de l'État", confie-t-il tout en avouant ressentir une certaine méfiance

"Méfiance, oui. C'est un mélange de tout", enchaîne Bertrand de l'autre côté du zinc. Lassé des gouvernements à répétition, il reproche aux hommes politiques de ne plus s'intéresser aux problèmes du quotidien. "Moi, j'habite en HLM, mais les quartiers, c'est complètement oublié. On ne les voit pas".

Face à la permanence du député, il réagit : "Pendant les élections, il faisait son tour au marché. J'ai dit, 'là par contre, vous venez me courir. Comme si vous n'en avez rien à foutre'", raconte-t-il

La dissolution comme rupture

Pour beaucoup, la dissolution de l'Assemblée nationale en juillet dernier a fait office de rupture. Comme ce couple de sexagénaires, rencontré au salon de coiffure qui a décroché de la politique après les dernières élections. Ils ont voté à gauche, y ont cru après la majorité relative du NFP, mais se sont sentis trahis lors de la nomination d'un Premier ministre de droite. "C'était la gauche disons qui avait remporté, on n'en a pas tenu compte. Les politiques n'en font qu'à leur tête", estime la femme. "C'est quand même bizarre dans une démocratie", renchérit son mari.

Jérôme, le coiffeur, lui, a voté Rassemblement national aux dernières élections. Pourtant, il est bien d'accord avec son client. "Comme dit monsieur, il y a des perdants, il y a des gagnants. Quand la décision, ça ne leur plaît pas, ils font en sorte de gagner quand même. On se dit, ouais, c'est carrément truqué, malhonnête", déclare-t-il.

Seul un quart des Français font confiance aux institutions

Jérôme ne croit ni en nos politiques, ni en nos institutions. C'est simple, que ce soit le gouvernement, l'Assemblée nationale ou le président, personne ne gagne le cœur des Français. Un quart seulement déclare leur faire confiance, selon l'étude du Cevipof. Certains Français choisissent donc de vivre comme dans un cocon, de se replier sur leur cercle familial. Surtout pour les plus jeunes, c'est le cas de Charlotte, tout juste 22 ans.

"La famille, se sentir bien, avoir un travail qu'on aime, avoir une famille présente, ce n'est pas la politique en tout cas. On n'a même plus envie en fait. On pense à nous, on pense à notre famille et puis malheureusement, on devient égoïste", avoue-t-elle.

Charlotte vote rarement, Isabelle jamais. Aux dernières législatives, elle a laissé de côté les urnes comme 46% des habitants de Dreux. "Ça me dépasse complètement ! La vie quotidienne, tous les jours, c'est ce qui m'intéresse. Après le reste, même si on vote, il n'y a rien qui change". Cette maman m'assure qu'elle ne se déplacera aux urnes qu'à une seule occasion, celle d'un référendum.

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