L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant a été incarcéré lundi 13 décembre à la prison de la Santé en application de sa condamnation en 2017 dans l'affaire des primes en liquide du ministère de l'Intérieur. Michel Neyret, ancien commissaire divisionnaire, lui a écrit une lettre.
Ancien patron de l’antigang de Lyon, Michel Neyret avait été décoré de la Légion d’honneur en 2004. Mais le 29 septembre 2011, il avait été interpellé par l'IGPN dans le cadre d'une enquête pour corruption, trafic international de stupéfiants et blanchiment d'argent et avait effectué 8 mois de détention provisoire à la prison de la Santé d’octobre 2011 à mai 2012. Il avait ensuite été condamné en 2018 à quatre ans d’emprisonnement pour corruption, dont dix-huit mois avec sursis. Il a récemment été vu au premier rang d'une réunion publique d'Éric Zemmour à Lyon.
Michel Neyret explique au micro de RTL avoir envoyé une lettre (dévoilée par Le Point, ndlr) à l'ancien ministre "parce que son incarcération m'a inspiré un certain nombre de réflexions, tirées de mon expérience personnelle, celle que j'ai vécue en 2011, lors de mon incarcération. Lorsque monsieur Guéant est venu à Lyon pour donner aux fonctionnaires de la police judiciaire une leçon d'exemplarité, pour aussi orchestrer une campagne de médiatisation hors normes qui m'a beaucoup blessé, moi et mes proches".
"Ce que j'ai voulu lui dire, c'est très simple, c'est que je ne souhaite pas et je ne me réjouis pas de voir l'emprisonnement d'un autre. Mais je ne peux pas oublier cette leçon d'exemplarité qu'il est venu donner. Lorsque l'on connaît ou lorsque l'on se rend compte des turpitudes qui ont été les siennes et qui ont été reconnues, c'est une leçon d'exemplarité qui revêt une saveur assez particulière", raille-t-il.
"Ce sont ces deux paramètres fondamentaux qui m'ont poussé à écrire à monsieur Guéant. Et le paramètre aussi très important, c'est que j'ai une image de policier corrompu et je voulais quand même lui rappeler que dans mon procès pour corruption, aucune des instances judiciaires n'a prononcé d'amende. C'est bien que les magistrats ont considéré peut-être que mes méthodes de travail ont été considérées comme hors la loi, mais que ma démarche n'était pas inspirée par une recherche d'enrichissement personnel", poursuit Michel Neyret.
"Claude Guéant a été condamné à 75.000 euros d'amende et à 200.000 de dommages et intérêts envers l'État. C'est que les magistrats ont considéré que quelque part, il y a eu un enrichissement personnel", dit-il. Aujourd'hui, Claude Guéant va passer les Fêtes à la prison de la Santé. "Ça a été mon cas. C'est pour ça que j'ai bien écrit dans ma lettre que je pouvais mesurer le sentiment d'abattement qui pouvait être le sien et aussi et surtout celui de sa famille. Parce que lorsque j'ai passé mes huit mois de détention à la maison d'arrêt de la Santé, il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à ma famille et à la manière dont cette incarcération ou cet enfermement étaient vécus par eux", conclut Michel Neyret.
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