Leur avis est consultatif mais hautement estimé. Le Conseil scientifique doit rendre un rapport ce dimanche 28 mars sur la tenue ou le report des élections régionales de juin prochain. Une décision qui sur le plan politique a provoqué des remous avant même la publication de l'avis. Déni démocratique pour les uns, situation sanitaire à risque pour les autres.
Depuis mars 2020, le gouvernement a nommé un Conseil scientifique qui a pour mission d'assister le gouvernement dans leurs prises de décisions sur la gestion de la crise sanitaire.
Sous la houlette du ministère des Solidarités et de la Santé, quatorze experts émettent donc des avis et des scenarii afin d'anticiper la crise sanitaire. Leur rôle est devenu au fil des mois de plus en plus attendu sur la gestion de la crise sanitaire. Le Conseil scientifique est devenu, malgré lui, un acteur de la vie politique où chacune de ses recommandations résonne comme une prise de position politique.
Une pression politique accentuée par Emmanuel Macron et l'exécutif qui ont fait du Conseil scientifique le cœur de leur communication pendant les premiers mois de la crise. Cette crise sanitaire liée au coronavirus a débouché sur une crise sociale et économique, le Conseil scientifique a de fait eu un impact dans la décision de fermer les restaurants, les bars, les cinémas, les musées ou les salles de sport.
Le Conseil scientifique est présidé par le médecin immunologue Jean-François Delfraissy. "Nous sommes un groupe de personnes indépendantes avec un regard multidisciplinaire et humble, mais pugnace", avait résumé le membre du comité Denis Malvy, sur France Inter.
Confinement, mise en place du couvre-feu, fermeture des écoles, port du masque, autoconfinement des personnes âgées, vagues successives... Ces experts sont sur une ligne de crête : émettre des avis qui impactent la vie quotidienne des Français, tout en laissant la décision politique au gouvernement. Mais que se passe-t-il lorsqu'Emmanuel Macron décide de ne pas suivre les recommandations ?
C'est là que les relations entre le Conseil scientifique et Emmanuel Macron se sont brusquement tendues. Alors que les membres, à commencer par son président Jean-François Delfraissy, plaidaient pour un confinement stricte en octobre dernier, le président de la République a décidé de mettre en place un couvre-feu, à la surprise générale.
Une situation délicate pour les scientifiques qui écumaient depuis plusieurs semaines les médias en sonnant l'alerte sur la situation sanitaire et la saturation des hôpitaux. Emmanuel Macron n'a pas hésité à opérer un recadrage en bonne et due forme. "Le conseil scientifique est dans son rôle, qui est technique", rappelait-il La classe politique, c'est-à-dire des personnes "démocratiquement élus", elles, sont en charge de trancher "sans céder à quelque panique que ce soit".
Depuis, le Conseil scientifique a revu sa façon de communiquer, en y ajoutant un brin de politique : discrétion et prises de parole millimétrées. Quant à Emmanuel Macron, le président de la République s'est mué en scientifique. Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand racontait au Parisien à propos du chef de l'État : "Il interroge d'innombrables experts et cherche chaque jour ce qui se produit de nouveau pour ne rien laisser passer. Un jour, il pourra briguer l'agrégation d'immunologie".
On le dit sans trop le crier pour ne pas braquer Emmanuel Macron
Un membre du Conseil scientifique
Le dernier rapport du Conseil scientifique accessible date du 12 février, depuis aucune note n'a été communiquée. Les semaines se sont écoulées mais le débat semble être resté le même : faut-il reconfiner certains départements ? Toute la France ?
Le Conseil scientifique prône un serrage de vis. Un de ses membres résume le jeu d'équilibriste dans lequel s'est engagé le Conseil scientifique : "On le dit sans trop le crier pour ne pas braquer Emmanuel Macron". De la science au politiquement correct.
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