Coronavirus : la démission du gouvernement Philippe et le challenge de Castex
WEBSÉRIE (3/4) - En pleine crise sanitaire, Jean Castex a succédé à Édouard Philippe à la tête d'un nouveau gouvernement. Une mission périlleuse à la fois pour Emmanuel Macron et le nouveau premier ministre.

Un choix politique et hautement stratégique. Le 3 juillet dernier, Édouard Philippe a présenté la démission de son gouvernement, qui a été acceptée par Emmanuel Macron. S'en est suivi un remaniement et l'arrivée d'un nouveau premier ministre à Matignon, Jean Castex.
Invité à l'antenne de RTL, l'ancien conseiller d'Édouard Philippe, Gilles Boyer, estimait qu'il était "assez logique qu'un nouveau chemin s'incarne par un nouveau visage, celui de Jean Castex". Que ce soit Emmanuel Macron ou son ancien premier ministre, les deux hommes ont insisté sur le fait que ce remaniement n'était en rien un "clash" politique et une séparation dans le fracas. "La décision d'Emmanuel Macron s'est jouée dans les jours qui ont suivi les municipales. C'est un choix difficile pour un président. Édouard Philippe est heureux que cela se finisse sans drame", indiquait Gilles Boyer.
Plongés dans la crise sanitaire et économique, les Français ont ainsi découvert un nouveau couple à la tête de l'exécutif : Macron-Castex. Ce remaniement a marqué un tournant politique pour le président de la République : changer de premier ministre lors d'une crise, c'est impulser un nouveau départ pour la fin du quinquennat.
L'après Philippe
L'entrée en fonction de "Monsieur déconfinement" n'a pas été de tout repos. Le maire du Havre avait imposé son style et sa ligne "pratico-pratique" lors de la première phase de la gestion de la crise sanitaire, en n'hésitant pas à reconnaître le coté imprévisible du coronavirus. Une façon de faire plébiscitée par les Français.
Certains ministres aussi ont du mal à s'adapter au style Castex. "En coulisse, les attaques les plus dures viennent d’ailleurs de la majorité et des rangs de son propre gouvernement.
Mais quelques ministres sont aussi devenus, sans qu’on y prenne garde et comme on disait dans l’ancien monde, des poids-lourds", rapportait Olivier Bost lors de l'édito politique de RTL.
L'addition des crises a surtout poussé des ministres, considérés comme des poids lourds au gouvernement, à prendre davantage de place. "C’est pour ça que vous voyez beaucoup ou que vous avez beaucoup entendu Olivier Véran, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Jean-Michel Blanquer - désolé, je n’ai pas de femmes dans cette liste - les ministres avancent leurs options et défendent des décisions. Le poids politique se mesure à l’influence", notait Olivier Bost.
Polémiques en cascade
En plus de la crise sanitaire, Jean Castex a aussi dû gérer les menaces terroristes et les polémiques liées à la proposition de loi "Sécurité globale". L'une des missions du premier ministre est de ressouder la majorité autour du chef. Devant les députés LaREM Jean Castex avait appelé à l'apaisement concernant la proposition de loi, en déclarant "prendre (sa) part de responsabilité". Cette réunion était "une séance de rabibochage très convenue", selon un des participants.
Mais Jean Castex n'est pas à l'abri de voir la crise du coronavirus compliquer sa mission. Avant les fêtes de fin d'année, le premier ministre a indiqué que les enfants pouvaient ne pas aller à l'école les 17 et 18 décembre pour limiter les risques de contamination. Cela a suscité les critiques des parents, enseignants et syndicats qui ont dénoncé une "demi-mesure". Et la crainte de voir une troisième vague après les fêtes de fin d'année plane au-dessus de la tête du gouvernement, et donc de son chef, Jean Castex.